samedi 4 juin 2011

Gérard Martin, que j'aimais bien.

Gérard Martin est mort. J'ai du mal ce soir à écrire cette phrase. Je l'ai appris bêtement, presque par hasard, en parcourant la nécrologie de L'Aisne Nouvelle. J'ai de la peine. Ces mots-là, je les écris rarement. La peine, ce n'est pas un sentiment que j'éprouve souvent. Mais là, oui : une méchante tristesse s'est emparée de moi, une sorte de mélancolie.

Gérard Martin, je l'aimais bien, c'est tout, c'est énorme. Il y a tant de gens que je n'aime pas, qui m'emmerdent. Lui non. Pourtant, ce n'était pas un ami (un ami, c'est quoi, au fait ?). Nous n'avons jamais pris un verre ensemble. Mais c'était mieux que ça : une estime que je crois réciproque, un respect silencieux. Gérard lisait mes billets, depuis pas mal de temps. Il a même laissé quelques commentaires sur mon précédent blog.

Politiquement, nous étions complètement en désaccord, lui d'extrême gauche, NPA et syndicaliste de Solidaires 02, délégué départemental, moi social-démocrate, strauss-kahnien. Et pourtant, quelque chose je crois passait entre nous. Je vais essayer de vous dire quoi, ce que j'aimais chez cet homme : son militantisme sans ostentation, son engagement dépourvu de tout intérêt personnel, cette défense tenace et modeste de ses convictions.

Et puis, cet homme était gentil, profondément gentil. Il portait sur moi un regard doux et compréhensif, tout en ne partageant pas mes idées. C'est bête à dire mais je le dis. Nous nous retrouvions sur les "valeurs". C'est à la fois peu et beaucoup. Par deux fois, je l'avais choisi comme invité de mon ciné philo : pour débattre du film "Capitalism, a love story" de Michael Moore sur la finance et du film "Les mains en l'air" de Romain Goupil sur les enfants d'immigrés clandestins (Gérard militait aussi au Réseau éducation sans frontière).

Nous étions ensemble quand j'avais fait venir Alain Krivine au village du livre de Merlieux, il y a trois ans. Sinon, c'est dans les manifs qu'on se croisait, lui toujours un peu timide, et moi aussi. Ce que j'appréciais en lui, c'est son militantisme ferme mais non fanatique, décidé mais sans gloriole. Bref, un homme de bonne volonté, un bon gars comme on dit chez moi. La mort est toujours moche, injuste, cruelle même. Celle de Gérard Martin plus qu'une autre. Parce que je l'aimais bien.

Aucun commentaire: