lundi 13 juin 2011

Les défis d'Anne Ferreira.

C'est presque fait. Depuis l'entretien d'Anne Ferreira, vice-présidente du conseil régional de Picardie, dans L'Aisne Nouvelle de samedi, nous comprenons qu'elle sera candidate aux législatives de 2012 et aux municipales de 2014, même si le journal titre avec un point d'interrogation et que la politique réserve souvent d'énormes surprises. Pour devenir députée de l'Aisne et maire de Saint-Quentin, Anne devra, à mon sens, relever trois défis :

Passer de l'envie au désir : à la lecture de l'entretien, nous sentons nettement transparaître les incertitudes, les hésitations, les prudences. Bref, Anne aimerait bien, mais son désir ne s'exprime pas encore avec force. Il le faut pourtant, et assez vite : la gauche saint-quentinoise est en quête d'un leader qui puisse la motiver, lui insuffler l'énergie qui lui manque après dix ans de défaites locales successives. Contre Xavier Bertrand, nous avons besoin de passion. Il faut qu'Anne nous montre qu'elle aime la politique, qu'avec elle on peut gagner. Car personne d'autres ne peut tenir ce rôle, seulement le leader attitré.

Élargir son entourage : c'est la difficulté de tout homme ou femme politique, savoir sortir du cercle des proches pour devenir le candidat de tous, et pas seulement celui d'un groupe. A Saint-Quentin, cette tâche n'est pas facile puisque ce sont les rapports de forces qui dominent et qui tranchent, quasiment au sens de la coutellerie. Du coup, l'instinct clanique l'emporte, pour la survie politique de chacun (à cet égard, je suis une exception mais aussi un malheureux exemple).

Nora Ahmed-Ali, conseillère municipale verte, fait une remarque révélatrice dans le même numéro de L'Aisne Nouvelle : "Je suis satisfaite du travail réalisé avec Jean-Pierre Lançon et Carole Berlemont qui appartiennent à la même motion qu'Anne Ferreira" (la "motion", c'est le texte autour duquel se font les regroupements politiques strictement internes au PS dans un congrès). Pour que Nora souligne ce point, c'est dire combien il est important dans l'esprit de l'actuelle opposition, alors qu'il est pour moi très secondaire, et même électoralement néfaste. Anne doit absolument sortir de la logique des "copains" pour entrer dans celle des citoyens. Elle ne doit pas s'adresser à quelques-uns mais à tous les Saint-Quentinois (y compris ceux de droite).

Être claire sur les alliances : c'est là où j'ai une divergence très sérieuse avec Anne Ferreira, qui pourrait me conduire à ne pas me ranger derrière elle aux municipales (aux législatives, la question ne se pose pas, les alliances sont conclues au niveau national et l'extrême gauche n'en fait évidemment pas partie). Mais au niveau local, depuis trois ans, alors que la section n'en voulait pas, nous sommes prisonniers d'alliances avec trois formations radicales qui privent les socialistes d'une légitime représentation au conseil municipal et qui sont incompatibles avec la ligne politique de notre parti. Je souhaite donc qu'Anne Ferreira désavoue ces alliances incohérentes et sans avenir et s'engage à ne pas les reconduire. Or, ça ne semble pas être son point de vue puisqu'elle répond à L'Aisne Nouvelle : "Moi, ça ne me pose pas de problème".

Il n'y a pas lieu bien sûr de se précipiter et le débat collectif peut clarifier la situation (à condition que ses conclusions soient respectées, contrairement à la fois précédente). Au milieu des hésitations et des incertitudes que traduit l'entretien de samedi, les positions peuvent sans doute évoluer. Je le souhaite vivement. Sinon, il faudra songer, pour les prochaines élections municipales, à une autre perspective.

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