samedi 18 juin 2011

No sport.

Saint-Quentin a reçu du journal L'Equipe le titre prestigieux de ville moyenne la plus sportive de France. Très bien. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à la réponse de Winston Churchill quand on lui demandait le secret de son âge avancé : "no sport". Ça me convient, je m'y reconnais.

A part un peu de vélo dans le Berry quand j'étais gamin et une tentative avortée de jogging autour du parc des Champs-Elysées, le sport m'est étranger. Je trouve que notre société en fait trop. J'y vois le signe inquiétant que nous nous préoccupons plus de notre corps que de notre esprit. A quand Saint-Quentin ville moyenne la plus cultivée ou la plus spirituelle de France ?

Le conformisme sportif m'est insupportable : ce n'est plus une activité physique salutaire, c'est devenu une mode, une norme, une forme de vanité. Faire du sport pour garder la ligne, quelle horreur ! C'est petit-bourgeois au possible ! Que cherchent-ils donc tous à se torturer ainsi comme des damnés, à suer comme des bêtes ? Faire fondre les graisses et gonfler les muscles pour plaire encore, pour séduire sans doute. C'est triste, ce sont des soucis d'adolescent(e)s pour adultes mal assumés. Je bois de la bière, je bouffe des sucreries, je prends du bide et je m'en fiche, je suis l'ambassadeur le plus lamentable de la ville moyenne la plus sportive de France !

Pourtant, et la vie est bizarre, je suis très attaché au sport par mes responsabilités associatives. En tant que président de la Ligue de l'enseignement, je fédère deux unions sportives de grande importance, l'USEP et l'UFOLEP, je m'intéresse et je participe à leurs activités. Je n'aime pas le sport quand il traduit le narcissisme contemporain, mais je défends son rôle social et sanitaire, d'intégration et d'éducation, sport populaire contre sport petit-bourgeois si vous préférez.

Politiquement, l'attention portée aux manifestations sportives locales m'a toujours semblé surfaite. J'ai connu une époque où mes camarades aimaient à se montrer dans la tribune officielle du palais des sports. On me reprochait de ne pas utiliser les invitations gratuites. Se faire voir devant des milliers de spectateurs, c'était considéré comme un must, électoralement payant, une sorte de devoir professionnel du bon militant et du bon candidat.

Je n'y ai jamais cru : des milliers de spectateurs ne font hélas pas des milliers d'électeurs. En revanche, je déplore qu'au fil des scrutins aucun réflexion sérieuse ne soit menée sur la politique sportive et le financement des clubs. J'ai l'impression que c'est une vache sacrée, une question taboue : comme si la popularité du sport autorisait que l'argent afflue sans s'interroger.

Je remarque que les flashmob organisés à Saint-Quentin pour décrocher le titre de ville moyenne la plus sportive de France ont pour lointains ancêtres les fameux lendits des Fédérations des oeuvres laïques d'après guerre, quand des centaines d'exécutants se rassemblaient dans d'immenses chorégraphies sportives. C'était moins spontané et moins rapide mais l'esprit était le même. Alors vive le sport ? Pour les autres, pourquoi pas ...

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