Mal barré.

Xavier Bertrand, ministre et maire, aurait-il trouvé à Saint-Quentin son maître, celui qui pourrait déboulonner la statue ? Il semble, d'après la presse locale de ces deux derniers jours. Un homme se lève, se dresse. Chez lui, manifestement, pas de "torpeur" (voir le billet d'hier, "Un problème d'image"). Il milite et communique à tout va, on voit sa photo dans les journaux, ses déclarations sont tonitruantes. L'opposition aurait-elle trouvé son leader ? C'est à vérifier.

De qui s'agit-il ? De Stéphane Monnoyer, représentant local et candidat du MoDem, dont Jérôme Poinsu, dans L'Aisne Nouvelle d'hier, se demande s'il n'est pas "en train de devenir le premier parti d'opposition saint-quentinois devant le PS".

L'homme a une riche expérience politique puisqu'il est passé par le MPF puis l'UMP avant de rejoindre le parti centriste. Et farouche adversaire du maire de Saint-Quentin, jusqu'à être "prêt à discuter avec l'opposition municipale pour barrer Xavier Bertrand aux législatives et municipales", déclare-t-il au Courrier Picard d'aujourd'hui.

Mazette ! "Barrer" Xavier Bertrand ? L'expression me fait inévitablement penser à Jacques Lacan : l'illustre psychanalyste explique que le désir est "barré" par la frustration, parce qu'incapable d'atteindre son objet (qui se "barre" immanquablement). "Barré" désigne donc la castration symbolique. Est-ce que c'est ce que Monnoyer promet à Bertrand ?

Le virulent centriste est précis : il veut mettre métaphoriquement les élus de droite au cachot (encore la symbolique !), abolir plus concrètement leurs "privilèges" en les privant de places gratuites aux événements de la ville. Ce n'est plus Bayrou, c'est Babeuf ! Pas étonnant qu'il veuille se rapprocher de l'opposition municipale : avec les lambertistes babouvistes, il va finir par bien s'entendre. A la prochaine colère, allez savoir si Stéphane Monnoyer ne va pas adhérer au POI, Parti ouvrier indépendant ?

Bon, Monnoyer critique la municipalité, notamment en matière de culture, mais quand il propose de remplacer Cauet par Ruquier, on reste un peu dubitatif. Il lui faudra encore faire des efforts pour devenir vraiment révolutionnaire. Certes, il affirme promptement qu' "en 2 014, il y aura une liste MoDem" (L'Aisne Nouvelle). Mais la précision qui suit casse tout : "En tout cas, il y a une envie". La politique est pleine de gens qui ont des envies qui restent éternellement à l'état d'envies.

Surtout, pour avoir "envie", en politique comme en amour, il faut être au moins deux. Et là, le deuxième adhérent du MoDem à Saint-Quentin, Paul Gironde, n'a pas trop envie d'être élu ... puisqu'il l'est déjà, conseiller municipal délégué de Xavier Bertrand : "Une liste MoDem serait complètement stupide".

"Barrer Xavier Bertrand aux législatives et municipales" ? Je ne sais pas ce que vous en pensez mais avec Stéphane Monnoyer j'ai l'impression que c'est mal barré.