lundi 27 juin 2011

Nora et ses hommes.

Facebook annonce pour ce soir 18h00 une "manifestation antinucléaire" devant la mairie de Saint-Quentin, afin de soutenir l'intervention de Nora Ahmed-Ali, élue EELV, en conseil municipal. L'occasion m'est ainsi donnée de faire un petit historique de la présence écologiste sur la ville. Quand je m'y suis installé, en 1998, les Verts n'avaient ni représentant, ni section. Un an plus tard, c'est Nora qui investissait ce créneau politique encore vierge, après avoir été sympathisante socialiste quelques mois.

Nora Ahmed-Ali, certains s'amusent de ses prises de parole, de ses réactions un peu inhabituelles, décalées. Mais qui, avant ou après, a fait aussi bien qu'elle dans le domaine qui est le sien ? Elle a très vite intégré les règles de la politique, a su durer pendant plus d'une décennie, ce qui n'est pas rien. Nora, c'est un mélange de raideur et de souplesse, une persévérance têtue qui la rend incontournable (et tous ceux qui ont voulu la contourner ont échoué !).

Qui se souvient qu'en 2001 elle a fait reculer la terrible Odette Grzegrzulka, alors députée socialiste, afin d'obtenir une meilleure place sur la liste municipale ? Moi je me souviens très bien. En matière politique, j'ai une excellente mémoire. Ce qu'a fait Nora, en convoquant une conférence de presse, il fallait oser ! Et ça a marché !

On vous dira peut-être que les écologistes ne se sont pas énormément développés sur Saint-Quentin, que leurs résultats électoraux sont faibles, qu'ils n'organisent pratiquement jamais de manifestations publiques, qu'aucun grand leader national n'est venu les soutenir. C'est vrai, mais est-ce leur objectif ? On contrôle mieux un petit noyau qu'un large groupe ouvert à toutes les ambitions.

Et puis, les Verts saint-quentinois sont des réalistes : ils savent qu'ils ne peuvent accéder à rien sans le PS, ils ccollent donc à la roue, comme on dit en matière de cyclisme. Quand il s'agit des municipales, Nora Ahmed-Ali se félicite de bien travailler avec les membres de la "motion" d'Anne Ferreira (elle a finement compris que dans les rapports de forces qui rythme le PS il convenait de soutenir le pôle dominant). Quand il s'agit des législatives, elle prône l'union derrière la candidate du PS, se réservant probablement une place de choix pour la municipale qui suivra. On aura beau sourire, je trouve que c'est bien joué, et les résultats sont là pour l'attester.

En dix ans, Nora Ahmed-Ali a toujours su se ménager des soutiens, d'indispensables seconds rôles, des lieutenants en quelque sorte, qui l'ont aidée sans la détrôner. Ils sont quatre, précisément et successivement :

D'abord Christophe Genu, présent sur la liste d'Odette en 2001, écolo de tendance anar, qui a quitté les Verts après qu'Alain Lipietz ait été exclu en 2002 de la compétition présidentielle au profit de Noël Mamère. Christophe est toujours actif dans les mouvements sociaux, mais un poste d'élu ce n'est pas trop son truc.

A partir de 2002, c'est Frank Delattre qui a joué auprès de Nora les numéros deux, quoique numéro un des Verts dans l'Aisne. Très différent de Genu, à l'opposé même, Frank est le gendre idéal pour la famille socialiste, celui avec qui on ne se fâchera jamais, l'homme qui rassure dans un milieu politique qui inquiète. Il aurait pu être le leader saint-quentinois de l'écologie. Mais il est beaucoup plus avisé que cela : candidat à plusieurs élections, il a très vite réussi, conseiller régional et maire-adjoint, mais à ... Soissons.

Frank s'éloignant, c'est un autre homme qui s'est imposé auprès de Nora Ahmed-Ali, sans la supplanter : Jean-Marie Desmidt, ex socialiste, futur NPA et PCF. Le dernier en date, c'est Jean-Philippe Daumont, depuis les cantonales de cette année, nouveau venu dans le paysage politique local, comme l'était avant lui Christophe, Frank et Jean-Marie. Mais pour combien de temps ? La durée, élément-clé du succès en politique. Les hommes passent, Nora, elle, est toujours là.

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