lundi 6 juin 2011

Ce que révèle l'affaire.

Dans l'affaire DSK, il ne s'est rien aujourd'hui passé : le passage devant le tribunal était de pure forme. Strauss a confirmé qu'il plaidait non coupable. Cinq minutes, c'est tout. Mais une journée entière de mobilisation médiatique. RTL a commencé son "édition spéciale" dès 4h30 du matin ! A vrai dire, nous sommes en plein délire, qui promet de se prolonger encore de longs mois.

Ce fait divers nous parle plus, dans les réactions qu'il suscite, de la société française que de lui-même. Une affaire privée, certes exceptionnelle, déclenche d'incroyables passions publiques. Le luxe de détails qu'on nous assène au fil des reportages est littéralement étourdissant, et parfaitement inutile. La vérité nous est inconnue, les protagonistes ne se sont pas exprimés et des tonnes d'informations nous sont données.

Un mauvais roman est en train de se mettre en place, sur le mode feuilleton. Toute une fiction s'élabore, chacun construisant son scénario et projetant parfois ses fantasmes. Certains imaginent déjà un procès politique : la femme pauvre contre l'homme puissant, des rôles inventés pour l'occasion. L'argent, le sexe, le pouvoir, l'Amérique, une série télévisée se prépare, du moins c'est tout comme. Je suis consterné parce que c'est consternant.

L'affaire DSK révèle nos plus mauvais instincts, notre voyeurisme fondamental, l'attrait du spectacle qui habite l'homme moderne. Mais que faudrait-il faire, comment se comporter ? Retrouver la décence, la pudeur, la retenue, la discrétion, accepter de se taire ou de parler d'autre chose, demeurer silencieux, patient, recueilli. En sommes-nous encore capables ?

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