jeudi 9 juin 2011

Xavier Bertrand a disparu.

Avez-vous remarqué ? Au début, je n'ai rien vu. Puis un ami m'a dit et m'a montré : Xavier Bertrand a disparu. Non pas physiquement, mais c'est tout comme : son nom s'est effacé. Regardez bien à votre tour, c'est flagrant, et l'absence se fait sentir une fois qu'on l'a repérée : je veux parler des invitations que la ville de Saint-Quentin envoie pour convier aux multiples manifestations locales. Les noms et prénoms des organisateurs figurent, ainsi que ceux du premier magistrat, sauf depuis quelque temps : "Xavier Bertrand", c'est fini ; il ne reste que le titre, "Le Maire de Saint-Quentin".

C'est curieux, cette disparition. Je me suis interrogé. Pourquoi ça ? D'autant que l'espace blanc introduit un déséquilibre entre le maire et les puissances invitantes. Esthétiquement, c'est moins joli, moins harmonieux. Y aurait-il un sens politique ? On sait que Xavier Bertrand aime à "donner du sens". Alors, pourquoi pas sur un carton d'invitation ? Détail, me direz-vous. Mais justement : Xavier Bertrand se plaît à se montrer comme l'homme du détail, enclin à chercher la petite bête pour la bonne cause. Alors ?

Ma première explication, ma première hypothèse, c'est la modestie de Xavier Bertrand, l'homme s'effaçant, au sens propre du terme, devant la charge. Il cesse d'être un nom pour se réduire à une fonction. Là où tant d'hommes politiques s'évertuent à ce que leur nom soit mentionné un peu partout, Xavier Bertrand en fait le sacrifice. Ce qu'il est n'importe pas, mais seulement ce qu'il fait. Modestie et grandeur.

Ma deuxième explication, ma seconde hypothèse sont exactement inverses aux premières. Xavier Bertrand ne veut plus être un parmi d'autres sur le carton d'invitation, mais se distinguer. En ne mentionnant que son titre, il fait d'abord comprendre qu'il est tellement connu que le maire de Saint-Quentin ne peut être que lui, sans aucune autre précision. Surtout, ce blanc au dessous de sa qualité se remarque, souligne son titre. C'est alors une appellation de majesté. "Xavier Bertrand", c'est trop commun, trop familier. "Le Maire de Saint-Quentin" rehausse l'homme, comme un titre de noblesse (en l'occurrence démocratique). Louis XVI ne se faisait pas appeler Louis XVI mais "Sire" ou "Sa Majesté". En disparaissant, Xavier Bertrand apparaît encore plus ; il y a des absences qui rendent très présents, comme ceux dont on parle parce qu'ils ne sont pas là.

Je ne sais pas laquelle de ces deux hypothèses est vraie. Je crois que rien n'est innocent ou gratuit en politique, y compris en politique municipale. Mais peut-être que j'exagère beaucoup ...

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