samedi 15 octobre 2011

Un seul tour suffirait.




Belle affiche, n'est-ce pas ? Mais il manque quelqu'un : Martine Aubry, bien sûr ! Dans une photo de famille, il faut être au grand complet. La gauche "solide et sincère", nous en faisons tous partie ! "Gauche molle", "gauche dur" ce sont des slogans de campagne, du toc, du chiqué. Tous socialistes, point.

Bien sûr, je n'ignore pas que cette belle affiche clôt le second tour des primaires. Mais justement, ce second tour, je n'aime pas, je pense qu'on aurait pu et dû s'en passer. C'est pourquoi j'avais souhaité que l'un des six candidats l'emporte dès dimanche dernier, en dépassant les 50% : l'affaire aurait été pliée, l'élu bénéficiant d'une incontestable légitimité, la droite ne pouvant pas ou moins le contester.

Ce deuxième tour aura été inutile. Le débat de mercredi entre Hollande et Aubry n'aura rien appris de plus aux électeurs, les arguments de l'un et de l'autre étant déjà très largement connus. Ce deuxième tour aura été surtout néfaste et même dangereux, opposant deux sociaux-démocrates qui ont dû forcer leur nature pour se distinguer. Les petites phrases assassines ont émaillé les deux derniers jours de campagne, surtout du côté de Martine Aubry. Mais le challenger est poussé au crime s'il veut rattraper son retard sur le favori.

S'il fallait revoir la procédure des primaires citoyennes, je proposerais un seul tour, ce qui est techniquement possible et politiquement souhaitable. L'actuel système ressemble trop à la Vème République et son scrutin présidentiel, que la gauche a critiqués depuis les origines, qu'elle ne devrait donc pas copier en interne.

Il oblige, entre les deux tours, à des ralliements souvent tactiques fauteurs de troubles, de divisions, ne suscitant que rancoeur et rancune. Le distinguo entre "vote à titre personnel" et "consigne de vote" fait sourire l'électorat qui le perçoit comme une hypocrisie, à tort ou à raison. Inévitablement, demain soir, il y aura un vainqueur et un vaincu, ce qui rendra plus difficile le rassemblement ultérieur pourtant indispensable.

Imaginons, ce qui n'est pas exclu, que le choix se fasse sur le fil du rasoir, à très peu de voix près : le vainqueur serait fragilisé, la droite en ferait à coup sûr des gorges chaudes. Le pire, ce serait une différence si minime qu'elle prêterait à des contestations. Je n'ose même pas y penser.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les primaires ne sont pas une élection à proprement parler mais une désignation : le concept de majorité ne s'applique donc pas. L'objectif est de désigner le meilleur candidat, c'est-à-dire celui qui arrive en premier. Ce n'est pas choisir un projet comme dans une élection nationale ou locale, puisque le parti socialiste a déjà son projet, que le candidat désigné aura la charge d'appliquer. Il n'y a nul besoin de rassembler autour de soi une majorité. Il suffit d'arriver en tête pour être la tête. Un seul tour mettrait un terme à bien des défauts et périls apparus cette dernière semaine.

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