mercredi 19 octobre 2011

4 leçons pour gagner.

La nette victoire de François Hollande sur Martine Aubry offre l'occasion d'une réflexion presque chimiquement pure sur la victoire en politique. Pourquoi ? Parce que les deux finalistes, de l'avis de tous les observateurs, étaient idéologiquement très proches. Ce ne sont donc pas fondamentalement leurs idées qui les ont départagés. Ce n'est pas non plus les tempéraments : Martine avait autant les qualités personnelles pour être une bonne candidate que François. Alors quoi ?

Eh bien c'est la démarche politique, purement politique, qui a fait la différence. C'est pourquoi il est intéressant d'y réfléchir, à travers cette question que beaucoup se posent, qui semble mystérieuse mais qui ne l'est pas : qu'est-ce qui fait qu'on gagne ou qu'on perd ? Ces premières primaires citoyennes sont un cas d'école : Martine Aubry, première secrétaire du parti, contrôlant et ayant le soutien de l'appareil, aurait normalement dû l'emporter. Au départ, François Hollande était un outsider à 5% d'intentions de votes. Comment a-t-il pu arriver à la victoire de dimanche soir? Quatre raisons à cela :

1- François Hollande est parti tôt en campagne, Martine Aubry très tard. Il s'est donné un cap, n'en a pas changé, n'a pas cessé de se déterminer seulement par rapport à lui-même et ses objectifs. Elle a lié son sort à celui de DSK et a constamment réagi en fonction de son rival et de la situation, variant selon les aléas et circonstances. Pas bon.

2- François Hollande a endossé très vite les habits d'un président, se montrant rassembleur, indépendant, au dessus de la mêlée. Martine Aubry est restée finalement chef de parti, coordinatrice de courants, femme d'appareil (dont elle n'a pourtant pas la mentalité). Pas de quoi séduire les électeurs.

3- François Hollande a exprimé de bout en bout une cohérence idéologique, celle de la social-démocratie, jamais prise en défaut. Martine Aubry a parlé à gauche mais a pensé centre gauche. Ses soutiens allaient des strauss-kahniens à l'aile gauche d'Emmanuelli. Dans l'Aisne, on a retrouvé ensemble René Dosière et Anne Ferreira. Qui peut croire à ça ?

4- François Hollande s'est battu sur des idées mais sans attaques personnelles. Martine Aubry a cédé à cette tentation, pour essayer de se refaire, dénonçant la mollesse, le flou et l'indécision de son concurrent. Ça n'a rien donné. Les gens n'aiment pas ça. Débats d'idées oui, querelles personnelles non.

Partir tôt, rassembler dans la cohérence, s'en prendre aux idées mais pas aux personnes : voilà ce qui permet de gagner, quand l'inverse fait perdre. Ces leçons valent à tout niveau, national ou local.

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