lundi 24 octobre 2011

Des primaires saint-quentinoises.

Le succès des primaires citoyennes rend la procédure irréversible et exemplaire. Elle se justifie quand la gauche est en difficulté. C'est pourquoi son application à Saint-Quentin pour les prochaines élections municipales mérite d'être réfléchie. Le fait que le système soit pour le moment réservé à l'élection présidentielle n'empêche nullement son extension. Au contraire, faire de la politique c'est avoir un peu d'imagination, ne pas en rester à ce qui existe, penser à autre chose, anticiper l'événement.

Les dernières municipales dans notre ville ont été désastreuses en matière de préparation : tête de liste suscitant une majorité d'abstentions, alliances et liste refusées mains imposées : les pires conditions pour espérer gagner, et pour cause, nous avons perdu. Qui veut recommencer ça ? Pas moi ! Contre la défaite à répétition, une possible solution : les primaires citoyennes au niveau local. J'y vois trois avantages :

1- Le chef de file (puisque c'est sur son nom que se prononcerait la primaire) aurait une pleine et entière légitimité. Le problème, récurrent à Saint-Quentin, du leadership serait enfin levé, sans contestation possible. Au lieu d'un "patron" désigné par quelques-uns, quasi autoproclamé, nous aurions un véritable leader porté par un millier d'électeurs. Ça fait une sacrée différence !

Un chef ne s'impose qu'au mérite et au respect. Issu de tractations au sein d'un petit nombre, il ne fait pas le poids, quelles que soient sa volonté et sa personnalité. Je n'ai jamais cru au sauveur suprême, pas plus à Saint-Quentin qu'ailleurs. Je ne crois qu'au suffrage universel, en l'occurrence le peuple de gauche souverain.

2- Des primaires citoyennes organisées localement permettraient de régler très largement le problème des alliances, qui sera l'épineuse question, le sujet à controverse et donc à division en 2014 : s'allier à nouveau avec l'extrême gauche (Anne Ferreira est plutôt pour) ou se contenter de nos partenaires traditionnels (je soutiens à fond cette solution) ? Il est inutile de se disputailler entre nous là-dessous, chacun ayant son point de vue, parfaitement légitime et parfaitement discutable.

Comme souvent en politique, c'est l'événement, les circonstances qui décideront du résultat. Mais il serait bon d'anticiper. C'est là où les primaires citoyennes seront profitables : un chef de file qui dispose du soutien populaire saura s'imposer plus facilement à nos partenaires, qui n'auront plus alors l'initiative. On imagine mal, dans de telles conditions, un parti marginal et extrémiste comme le POI (trotskyste lambertiste) proposer un hallucinant "protocole d'accord" à partir duquel se trament de pauvres et rapides négociations, à la façon dernière.

3- Des primaires saint-quentinoises permettront de mobiliser notre électorat, qui en a bien besoin, au regard des résultats électoraux de ces dernières années et de la participation à la primaire citoyenne de ce mois d'octobre. Au moins mille électeurs, sans doute beaucoup plus pour une consultation locale, a-t-on conscience que c'est un atout formidable, le début d'une dynamique qui peut conduire jusqu'à la victoire, jusqu'à l'installation à Saint-Quentin d'une municipalité de gauche à dominante socialiste ? Le jeu n'en vaut-il pas la chandelle ? Aucun socialiste ne devrait hésiter là-dessus, tous devraient dire oui à des primaires locales, tellement les avantages sont flagrants.

Et pourtant, il y a hésitation. Pourquoi ? Comme toujours en politique, pas de mystère : les raisons sont politiques. La fraction la plus dure de l'aile gauche est hostile aux primaires, par choix idéologique parfaitement estimable mais que je ne partage pas : le culte du parti, le pouvoir des militants rend inconcevable pour elle de déléguer le choix du candidat aux simples sympathisants, aux "non-cartés".

Les votes lors de la convention pour la rénovation en juin 2010 atteste localement de ce rejet des primaires. Elles sont aujourd'hui organisées parce que le parti l'exige et que l'aile gauche ne peut pas vivre en perpétuelle sécession, comme en 2005 lors de sa campagne pour le non à la constitution européenne alors que le parti avait très majoritairement opté pour le oui. On peut s'essuyer les pieds sur la démocratie une fois mais pas deux.

La situation est-elle donc bloquée ? Non, en politique une situation n'est jamais bloquée, et je ne désespère pas de voir finalement adopter des primaires citoyennes à Saint-Quentin. Comment ? Le peuple de gauche a pris la parole une fois, il n'acceptera pas de se la voir confisquée. Une pétition demandant l'organisation de primaires saint-quentinoises, si elle rassemble au moins plusieurs centaines de signatures sera obligatoirement prise en compte. Cette perspective me semble tout à fait envisageable, d'autant que d'autres villes vont s'engager dans cette voie.

Reste maintenant les modalités techniques. De ce point de vue, il n'y a pas d'obstacle. Il suffit de reprendre ce qui s'est fait au niveau national, appliquer strictement les mêmes procédures. Ce sera d'autant plus facile au niveau d'une simple municipalité. Il faudra sans doute revoir et améliorer quelques points d'organisation : plus de bureaux de votes, six au lieu de trois, un pour chacun des six grands quartier de Saint-Quentin, et ne pas procéder à des changements d'adresse d'un tour à l'autre. La presse locale pourrait, si elle le souhaite, se charger des débats entre les candidats. Alors là, oui, les visages des hommes et des femmes de gauche redeviendraient dans cette ville plus souriants.

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