vendredi 28 octobre 2011

Un homme de droite.

Quand je me demande si je suis vraiment de gauche, il me suffit d'écouter un homme de droite et mes incertitudes disparaissent. Hier encore, en regardant Nicolas Sarkozy à la télévision, j'en ai fait le constat. Je suis socialiste modéré, je reconnais facilement les torts de la gauche et les vérités de la droite, mais il y a des choses qui ne passent pas, qui établissent un clivage certain entre les deux camps.

Par exemple l'explication de la dette colossale de la France. Je suis d'accord avec le président sur le diagnostic : le manque de compétitivité de l'économie nationale. Mais je diverge sur les causes : pourquoi jette-t-il la pierre, constamment, aux 35 heures (qu'il n'abroge pourtant pas) ? Pourquoi remonte-t-il si loin, en 1981, et s'en prend à la retraite à 60 ans ? Nicolas Sarkozy reproche aux socialistes de n'avoir pas réformé le pays. Mais si ! Sauf que les réformes de gauche ne sont pas les réformes de droite, et c'est normal.

Il est curieux que le chef de l'Etat, en déplorant l'état de notre économie, ne remette jamais en question les responsables économiques, le patronat, les dirigeants d'entreprise. A qui la faute si la France n'a pas su innover, se réindustrialiser, s'adapter à la mondialisation, créer des emplois ? Ni les chômeurs ni les salariés ne peuvent être mis en cause : ils sont les victimes de la crise, ils n'ont aucune responsabilité dans l'endettement, les délocalisations, le chômage.

Ce que Nicolas Sarkozy ne fait pas, ne peut pas faire puisqu'il est un homme de droite, philosophiquement conservateur du système économique actuel, c'est contester cette société de consommation (je préfère ce terme à celui, moins précis, de capitalisme) qui nous conduit à dépenser plus que nous gagnons. Le ferait-il qu'il scierait la branche sur laquelle lui et ses amis sont assis.

Critiquer la consommation, le gaspillage, les injustices qui en découlent, l'aliénation des masses, les inégalités, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais c'est déjà bien de le dire et de tenter de le faire. Je ne crois pas à la révolution, mais c'est la direction qui importe, le cap qu'on se donne, et les réformes progressives qui s'ensuivent. Voilà ce que j'appelle le socialisme modéré.

Je n'ai pas aimé non plus, hier soir, le soupçon que le président de la République a porté sur ceux qui manifestent, font grève, descendent dans la rue. Il a employé à leur propos le terme de "nuisance". Ah comme on reconnaît là l'homme de droite ! Grève et manif, ça n'entrera jamais dans son code génétique, c'est au contraire pour lui et les siens un puissant répulsif.

Mais c'est très bien ainsi : la vie serait triste s'il n'y avait que des hommes de gauche. Je ne verrais alors que leurs défauts et je me mettrais de nouveau à douter de leurs vertus. L'existence de la droite est une bénédiction pour qui veut s'assurer, comme moi parfois, qu'il est bien de gauche et que la gauche a raison. Elle n'existerait pas que j'irais, par nécessité, jusqu'à l'inventer. C'est vous dire ma tolérance à l'égard de mes adversaires politiques ...

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