lundi 10 octobre 2011

Satisfactions et incertitudes.

Les résultats des primaires citoyennes sont aussi localement un enjeu interne extrêmement important, surtout à Saint-Quentin où la culture du rapport de forces est très présente dans les têtes. De ce point de vue, moi qui répugne pourtant à cette culture-là, qui incline plutôt au consensus, j'ai quelques motifs de satisfaction :

D'abord, François Hollande arrive en premier, ce qui n'était pas gagné d'avance. Dans beaucoup d'autres villes en France, c'est Martine Aubry qui occupe la première place. De plus, il fait 3 points de mieux que son score national (42,8 contre 39,2). C'est donc la preuve qu'il existe dans notre ville un électorat de gauche réformiste, social-démocrate, modéré.

Ensuite, le candidat le plus à gauche de ses primaires, Arnaud Montebourg, réalise 2 points de moins que son résultat national (14,6 contre 16,8), ce qui est assez surprenant dans une ville, Saint-Quentin, où la gauche s'est radicalisée depuis ses alliances à l'extrême gauche. Normalement, dans le contexte idéologique local, Montebourg aurait dû faire un bien meilleur score. Ce n'est pas le cas. Ce qui prouve là aussi que l'orientation vers la gauche de la gauche n'est pas nécessairement appréciée par notre électorat.

Mais si j'ai aujourd'hui de réels motifs de satisfaction qui redessinent l'avenir de la gauche saint-quentinoise, je me dois d'être sincère et objectif : j'ai aussi des incertitudes et des inquiétudes. D'abord, le score de Martine Aubry est supérieur de 8 points à son score national (38,9 contre 30,7), ce qui fait beaucoup. Bien sûr, Martine est tout autant social-démocrate que François, et il n'y a pas de grandes différences idéologiques entre les deux candidats. Sauf qu'à Saint-Quentin, où rien n'est jamais vraiment comme ailleurs, les aubryistes ne sont pas du tout sociaux-démocrates mais aile gauche, idéologiquement plus proches de Montebourg et Mélenchon, mais soutenant par tactique Aubry. Compliquée, la grille de lecture de résultats locaux dans leur signification interne !

L'évidence, c'est que chez nous Hollande et Aubry ne sont qu'à quatre points de distance, que le second tour va donc se jouer ici au couteau (ce n'est qu'une image, ne la prenez pas pour un instinct belliciste ou une déclaration de guerre !). Si on rapproche les scores de ceux qui sont politiquement proches, c'est même Martine Aubry qui devrait l'emporter à Saint-Quentin dimanche prochain. Mais la politique n'est heureusement pas un problème d'arithmétique : c'est la dynamique qui joue, l'élan, le mouvement, pas la sèche et hasardeuse addition.

Mon souhait est le même que celui émis hier soir (je change assez rarement d'avis, surtout en quelques heures) : que le débat reste digne dans les jours qui viennent, que nos électeurs demeurent tout autant et encore plus mobilisés dimanche prochain, qu'aucun candidat, en lice ou battu, ne se livre à de pitoyables marchandages comme hélas la politique en est trop souvent coutumière, qu'aucune consigne de vote ne soit donnée, que chaque citoyen soit laissé complètement libre de son choix. Alors, le vainqueur, Martine ou François, sera respecté et soutenu par tous les socialistes.

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