mardi 11 octobre 2011

Arnaud en fait trop.

Je ne l'ai pas vu hier soir sur France 2 mais je l'ai lu ce matin dans Libé, et je n'ai pas trop aimé : Arnaud Montebourg en fait trop, aidé en cela par les médias. Les règles de la primaire continuent de s'appliquer même à ceux qui ne sont plus candidats. Et je regrette qu'Arnaud s'en prenne si vivement, et si personnellement, aux deux "impétrants", ainsi nomme-t-il François Hollande et Martine Aubry, avec ce "mépris et condescendance" qu'il leur reproche pourtant dans Libération. Mais le mécanisme psychologique qui consiste à attribuer à autrui ses propres travers est bien connu.

Il faut qu'Arnaud revienne à la raison et à la modestie. Il n'est pas le "faiseur de roi" qu'on dit. C'est le peuple de gauche qui décide et ce n'est pas un roi qu'il se choisit. N'oublions pas que le minoritaire c'est lui, qu'il ne vient qu'en troisième position, que les idées sociales-démocrates sont sorties largement majoritaires des primaires citoyennes. Ses 17% ne sont que l'étiage traditionnel de l'aile gauche au parti socialiste. Cette sensibilité a d'ailleurs connu dans notre histoire des scores parfois supérieurs à celui-là. Modestie et lucidité, par conséquent.

"J'ai sorti le PS du formol", affirme le camarade Montebourg. Il charrie : l'entreprise de rénovation du parti a commencé il y a trois ans, sous la conduite de Martine Aubry. Arnaud n'a tout de même pas réinventé le socialisme à lui tout seul depuis dimanche soir ! Je sens beaucoup de présomption dans cette posture, et je m'en désole, car Arnaud est intelligent.

Et puis, cette lettre envoyée aux deux candidats, en les sommant de répondre, renvoyant la balle dans leur camp, c'est insupportable. Qu'Arnaud défende ses positions, qu'il prenne ses responsabilités et fasse son choix, mais qu'il n'administre pas ce genre de leçons, qu'il cesse ce petit jeu des enchères et surenchères. D'autant que ses attaques seront reprises par la droite, qui déjà s'amuse et se sert du "faiseur de roi".

Pourtant, l'entretien d'Arnaud Montebourg à Libération devrait satisfaire le partisan de Hollande que je suis, car c'est surtout en direction de Martine Aubry qu'il décoche ses flèches. Mais je sais que dimanche soir il faudra rassembler, et qu'on ne peut pas rassembler après avoir divisé. La cohérence idéologique d'Arnaud l'amènera à ne pas choisir, puisqu'il renvoie dos à dos François et Martine. Qu'il laisse donc ses électeurs se déterminer, sans en rajouter inutilement. Le prétentieux contre les impétrants, c'est un casting qui dessert le parti socialiste. On a toujours tort d'en faire trop.

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