dimanche 16 octobre 2011

Les fantômes du district.

La politique est pleine de fantômes dans le grenier, parfois de cadavres dans le placard. A la suite de Xavier Bertrand au dernier conseil municipal, Guillaume Balout a consacré un grand article dans L'Aisne Nouvelle de ce week-end à réveiller ces fantômes (sous le titre "L'agglo reste sourde à l'opposition"). Ça pourrait faire un roman à la Dumas, genre Vingt ans après. Mais là, c'est moins le vicomte de Bragelonne que le comte de Monte-Cristo. Et quand on cherche à se venger en politique, ça fait très mal, d'autant que le plat est froid et coriace.

De quoi s'agit-il ? D'une histoire d'hommes et de pouvoirs, comme il y en a eu des millions depuis que le monde existe, banale à pleurer à moins d'en rire, sans mérite, sans crime et sans gloire : deux types veulent en dézinguer un troisième pour prendre sa place. Ce sont des malins de la procédure, ils évincent le siège de l'opposition (de droite) au district (un nom de fantôme, que plus personne ne connaît aujourd'hui, sauf dans une série télévisée américaine) afin de se construire une majorité (de gauche) aux petits oignons. Ce sont des as des croix et bâtons, les "buquettes" comme disait le camarade Brugnon. Ça suffit à leur bonheur, avoir le district à eux.

Je n'étais pas là, on m'a raconté. Et puis, les fantômes ont la vie dure et ils continuent jusqu'à nos jours, et pour combien de temps encore, à foutre la pétoche. Il faudrait un exorciste pour les chasser pour de bon. Il y en a un à Saint-Quentin : moi. Pour arrêter avec cette mauvaise histoire de "putch" au district (aujourd'hui communauté d'agglomération), que les socialistes traînent derrière eux comme le fantôme son boulet, c'est très simple : il suffit de rompre la chaîne, ne plus rien avoir avec ces affaires-là. C'était le choix politique conjoint d'Odette Grzegrzulka et d'Anne Ferreira en 2000, acté par un vote unanime en section. J'aimerais que nous en revenions à cette sage position, qui à l'époque avait été rendue publique, par l'intermédiaire du secrétaire de section que j'étais alors.

Vous me direz peut-être que c'est une vieille histoire, très lointaine. Sans doute, encore que ce ne soit pas si lointain que ça. Et je vous l'accorde : je préfère préparer l'avenir. Mais qu'est-ce qu'on fait quand les fantômes frappent à la porte et font méchamment coucou à la fenêtre, aidés par la droite qui prend un malin plaisir à ce supplice chinois ? Ne rien dire, c'est consentir. Parler, c'est se positionner : les socialistes saint-quentinois d'aujourd'hui n'ont pas à assumer ce qui s'est passé sous la municipalité communiste d'autrefois. Ce n'est plus notre histoire, nous voulons tourner la page, ouvrir une nouvelle période pour la gauche locale, dans laquelle c'est le parti socialiste qui aura le leadership. Voilà ce que nous disions il y a onze ans, voilà ce que je continue à défendre aujourd'hui, même si de l'eau a coulé depuis sous les ponts, et pas toujours très propre.

Mes principes sont les suivants : un socialiste ne doit pas chercher à dézinguer un autre socialiste, quel qu'en soit le prétexte. Toute division entre nous doit être proscrite. Le débat d'idées propre à une organisation démocratique oui, et nous en manquons, d'où le succès de ce blog. Mais pas la bagarre pour les places. Je débats beaucoup mais jamais je ne me bats pour une place (les mauvais esprits diront que c'est la raison pour laquelle je n'en ai aucune, et ils n'auront peut-être pas tort, mais ça c'est une autre histoire, personnelle, qui ne regarde que moi).

Puisque nous parlons de place, revenons à celle que l'opposition mériterait d'avoir au conseil d'agglomération, puisque tel est le sujet du papier de Guillaume Balout. Il est évident, étant donnée l'importance de cette structure, que la gauche saint-quentinoise devrait y être représentée. C'est d'ailleurs le cas dans d'autres endroits, comme dans feu le district de Saint-Quentin, avant le fameux "putch". Pierre André, son président, ne peut qu'accepter ma requête puisque, en bon exorciste, je viens de chasser les fantômes. Il ne devrait plus y avoir aucune raison à faire obstruction en 2014.

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