vendredi 14 octobre 2011

Nous voulons une gauche qui gagne.

Arnaud Montebourg a donc choisi, "à titre personnel" : ce sera François Hollande. Sur le coup, j'ai été surpris, je m'attendais à ce qu'il n'indique aucune préférence, même "personnelle". Et puis, à la réflexion, ça se tient : Montebourg est fondamentalement, depuis longtemps, un rénovateur. Il est loin de partager toutes les idées d'Hollande, mais le point commun, assez fort, c'est le désir de mettre fin à une certaine culture politique qui sévit encore dans nos rangs, celle de ce que Vincent Peillon appelle "le très vieux parti socialiste", que je nomme plus volontiers la culture d'appareil, aggravée par une mentalité, celle de la gauche dure, "la gauche sectaire", telle que l'a qualifiée François Hollande.

Cette culture politique est aussi ancienne que le parti socialiste. Son premier représentant a été Jules Guesde, qui ne jurait que par la lutte des classes, alors que Jean Jaurès, son adversaire, voulait inclure la République parlementaire dans l'héritage socialiste. L'affrontement s'est poursuivi, sur les mêmes bases idéologiques, entre Guy Mollet et Léon Blum, ou, plus près de nous, entre Jean Poperen et Michel Rocard. A chaque fois, la gauche dure se distingue par trois caractéristiques :

1- La violence de ses jugements : l'autre, avec lequel il y a désaccord, est disqualifié, carrément rejeté en dehors de la gauche, soupçonné de se compromettre avec la droite. Ainsi, François Hollande est présenté par Martine Aubry comme "le candidat du système". A Saint-Quentin, discutant récemment, en toute amitié, avec une conseillère municipale d'opposition, celle-ci me reprochait d'être "pro-municipalité". Dans les deux cas, même réflexe : assimiler l'autre à un traître au socialisme.

2- Les pratiques opportunistes : cette gauche dure, qui donne des leçons de révolution, n'est pas plus révolutionnaire que vous et moi, sinon elle suivrait Mélenchon. Mais elle est dans la tactique, mariant la carpe et le lapin pour occuper des places ou conquérir le pouvoir. Ainsi, à Saint-Quentin, on est peu regardant sur les alliances, allant jusqu'à pactiser avec l'extrême gauche la plus sectaire, les lambertistes du POI.

3- Les attaques personnelles : c'est sans doute l'attitude la plus détestable. La bagarre pour les idées, autant qu'on voudra, j'adore ça ! Mais les reproches mesquins, les petites piques, les crasses, non c'est insupportable. Ainsi, Martine s'en prend au tempérament de François, accusé d'être mou, flou, indécis. Qu'elle critique son projet, très bien, c'est la démocratie, et ça ne peut que nous faire collectivement progresser. Mais toucher à la psychologie des individus, surtout pas !
Un journaliste local me rapportait que dimanche soir une petite pique très personnelle avait été portée contre moi par un responsable socialiste, dont je ne dirai rien parce que je n'entre jamais dans ce jeu-là, parce que je ne partage pas cette culture du dénigrement, mais je l'évoque à l'instant pour m'en désoler, pour affirmer qu'il faut en finir, à Paris comme à Saint-Quentin et dans tout le parti.

Désormais, François Hollande a derrière lui tous les autres candidats, à l'exception de Martine Aubry. Le résultat semble donc acquis, même si des surprises ne sont jamais à exclure en politique. C'est aux citoyens de gauche d'en décider librement dimanche. J'invite les lecteurs de ce blog se reconnaissant dans la gauche à participer au second tour des primaires citoyennes et à voter François Hollande, pour dire qu'à Saint-Quentin aussi "nous voulons une gauche qui gagne", pour reprendre l'expression de Vincent Peillon.

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