mercredi 26 octobre 2011

Ciel mon Tintin !

Vous vous souvenez de la célèbre exclamation de la Castafiore dans les Bijoux, quand on lui vole son précieux coffret. En regardant la bande-annonce du film de Spielberg consacré au héros de Hergé, en salles aujourd'hui, j'ai eu la même réaction : et si on m'avait volé mon Tintin ? Quelques images suffisent à se faire une petite idée, donnent un très sûr avant-goût : je trouve ce Tintin numérisé forcément artificiel, trop sophistiqué, alors que celui de mon enfance, avec sa ligne claire, était d'une simplicité absolue, mélange de pureté et de naïveté.

Et puis, quelle idée d'adapter le Secret de la Licorne, qui n'est pas le plus emblématique des albums, qui n'est que le prélude au Trésor de Rackham le Rouge ! A tout prendre, j'aurai choisi Tintin au Tibet, le meilleur, le plus beau, le plus émouvant de tous les Tintin. Mais voilà : Spielberg veut-il nous émouvoir ? Je crois plutôt qu'il veut nous en mettre plein la vue, à l'américaine.

J'irai voir quand même, bien sûr. Tintin c'est mon héros, bien au-dessus d'Astérix et Lucky Luke. J'en ferai même fait l'objet d'une conférence, à Saint-Quentin le 21 janvier prochain, dans la bibliothèque municipale, une lecture philosophique des aventures de Tintin et Milou. Car Hergé, mine de rien, donne à penser : le jeune garçon drôlement coiffé et drôlement sapé est un symbole du bien qui s'entoure pourtant de personnages douteux, borderline, Haddock l'alcoolique fini, ordurier, Tournesol le savant timbré et radiesthésiste, les Dupont(d), flics méchants et ratés, la Castafiore, mégère et mante religieuse, Séraphin Lampion, casse-couilles de première, Rastapopoulos, sadique et pervers, et la galerie n'est pas terminée ... Même Milou n'est pas toujours très net dans sa tête !

En ce jour de sortie du film de Spielberg, j'aimerais rendre hommage au premier film tiré de l'oeuvre d'Hergé (je ne parle pas des films d'animation, qui ne sont que des copies peu convaincantes de la BD), Tintin et la toison d'or, en 1961, une réussite, avec de vrais acteurs, et quels acteurs ! Charles Vanel, Georges Wilson, Dario Moreno et le merveilleux Jean-Pierre Talbot dans le rôle du petit reporter. Il y a eu une suite en 1964, Tintin et les oranges bleues.

Ces deux films, réalisés respectivement par Jean-Jacques Vierne et Philippe Condroyer, avaient le mérite de ne pas chercher à imiter l'original mais de créer une oeuvre propre, en même temps complètement fidèle à l'esprit des Tintin et Milou. Spielberg n'a qu'à bien se tenir ! Je ne suis pas certain qu'il parvienne à égaler le travail de Vierne et Condroyer. En tout cas, je le jugerai par rapport à ces deux-là, tonnerre de Brest !

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