mercredi 12 octobre 2011

Le panache et les larmes.

Quand Ségolène a pleuré dimanche, même Arnaud Montebourg a été ému. Qui n'est pas ému quand aujourd'hui quelqu'un, à la télé notamment, pleure ? Nous vivons dans une société où l'on pleure et où l'on rit beaucoup, surtout sur les plateaux de télévision. Quand c'est une personne qui coule parce qu'elle vient d'être battue, on n'ose rien dire, on "compatit". Pleurer et compatir, c'est la morale contemporaine.

Mais qui ose encore se demander si pleurer n'est pas une faiblesse, quand on fait de la politique et qu'on prétend diriger un Etat ? Un président de la République qui pleure sur lui-même, ça donnerait quoi ? Car Ségolène s'est émue de son propre malheur (pleurer devant le malheur d'autrui, c'est autre chose). L'idée que je me fais d'un dirigeant en qui je veux accorder ma confiance, c'est un homme ou une femme capable de maîtriser ses émotions, ne pas se laisser déborder par ses sentiments. D'autant que perdre une élection alors qu'on a eu l'honneur, la fois précédente, de la gagner et d'être désignée, ce n'est pas vraiment un drame.

Si j'en étais resté aux larmes de Ségolène Royal, qui signe peut-être la fin de sa carrière politique, j'aurais un piètre image d'elle. Mais voilà, il y a eu ce geste magnifique, magnanime et très élégant d'aujourd'hui : son soutien à François Hollande. Ce panache vient effacer les pitoyables larmes. Enfin, comme prise d'un sursaut de haute politique, Ségo a compris, a su surmonter rancoeur et rancune, dépasser ses réticences personnelles dont on comprend la puissance et la légitimité, pour n'avoir à l'esprit qu'un seul et unique intérêt : celui du parti socialiste, et au-delà celui de la gauche et de la France.

Sa grandeur est là : soutenir sans aucun marchandage, sans nulle pression, celui qu'elle a pourtant combattu, dans sa vie publique comme dans sa vie privée. Il faut de la force en soi pour faire ça. C'est tout le contraire de Montebourg, et c'est très bien ainsi. Ségolène sort de ces primaires citoyennes la tête haute. La faiblesse lacrymale de dimanche soir est heureusement oubliée.

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