vendredi 14 octobre 2011

Rien ne sera comme avant.

Ces primaires citoyennes qui se terminent auront bouleversé, quel qu'en soit le résultat, la vie interne du parti socialiste et, au-delà, la vie politique française. Les conséquences seront profondes et durables, tant nationalement que localement. Rien ne sera comme avant. Trois transformations ont affecté le PS ces dernières semaines :

1- Les citoyens l'emportent sur les adhérents : les "cartés", comme on les appelle, sont désormais privés d'une prérogative fondamentale en politique, la désignation de leur candidat. Le parti y perd mais la démocratie y gagne. Localement, ce n'est plus un cercle restreint de militants qui décident du choix mais la mouvance des sympathisants, mobilisables par les réseaux associatifs ou sociaux de toute sorte. Le PS sera donc moins enclin à recruter de nouveaux membres qu'à influer sur la société civile.

2- Les médias l'emportent sur l'appareil : durant ces primaires citoyennes, le rôle des médias aura été fondamental, les quatre débats entre candidats déterminants. Le travail que menait auparavant l'appareil aura été effectué très largement par les médias. Le parti socialiste, dans ces conditions, que cela plaise ou non, est obligé d'entrer dans la logique de la communication et ses exigences. Au plan local, où c'est la presse qui joue dans ce domaine un rôle essentiel, les socialistes ne pourront plus négliger leur rapport aux journalistes et leur présence dans les pages d'actualités.

3- Les personnes l'emportent sur les courants : tout le monde a pu constater que la logique des courants, structurante au PS, avait explosé en vol durant ces primaires. L'aile gauche traditionnelle, anti social-démocrate, s'est ralliée à la social-démocrate Martine Aubry, délaissant celui qui aurait dû être son candidat naturel, Arnaud Montebourg. Celui-ci, contre toute attente, a finalement choisi de soutenir un autre social-démocrate, François Hollande, pourtant très éloigné de sa "démondialisation". Et au final, les électeurs doivent départager, dimanche, deux candidats appartenant à une même sensibilité, celle de Jacques Delors.

Bref, il est évident que les courants ne veulent plus rien de dire, que de recomposition en recomposition ils vont plus sûrement vers leur décomposition. Une autre logique les a remplacés, celle des personnalités, des tempéraments. Au plan local, les leaders d'opinion seront préférés aux candidats anonymes issus de tractations entre courants. Est-ce un bien, est-ce un mal ? Chacun jugera mais l'évolution est inéluctable. Pour ma part, je pense qu'aucun système n'est en soi parfait, que le meilleur est celui qui se trouve être en adéquation avec la société à un moment donné.

L'esprit et la règle des primaires essaimeront dans tout le parti, s'étendront à toutes les élections, tellement leur succès aura été grand. Même l'UMP y viendra. Décidément non, rien ne sera plus comme avant.

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