vendredi 28 juin 2013

Une défaite personnelle



Cinq voix. Des années de présence, d'action, de réflexion et faire cinq voix ! C'est une défaite sans appel, une défaite personnelle. Car le paradoxe est là : ma ligne politique l'emporte, Michel Garand (qui a fait 37 voix) partage mes idées, lui aussi critique sévèrement l'actuelle opposition, mais il gagne et je perds, alors que j'avais l'antériorité de notre positionnement politique commun ! Comment expliquer ce paradoxe ? Je ne suis pas un homme d'appareil, c'est tout mon problème. Michel a été sollicité et soutenu par l'appareil, c'est évident. Exemple criant : quand la direction nationale a souhaité refaire l'élection du secrétaire de section, l'appareil fédéral n'a pas suivi !

C'est quoi un appareil ? Prenez une machine à café : c'est un assemblage de pièces qui s'emboîtent en vue d'une seule finalité, produire du café. Un appareil politique, c'est la même chose : des pièces qui s'emboîtent pour produire des candidats. Il y a une culture, un esprit d'appareil que je n'ai pas, dont les vertus sont la discrétion, l'adaptation et la discipline. Je ne suis pas fait comme ça, je ne suis pas né comme ça.

Ma liberté de ton, ma surexposition médiatique, mon opiniâtreté à défendre des idées bien arrêtées, tout ce qui pouvait être des atouts dans une campagne électorale s'est retourné en désavantages dans une campagne interne. Les chiens ne font pas des chats, et je suis plus chat que chien. Mon problème, c'est le hiatus entre la sympathie que je suscite à l'extérieur du parti et l'hostilité que je provoque à l'intérieur du parti. Attention : je ne porte aucun jugement, je ne fais que décrire une situation. Un appareil, il en faut en politique, et être un homme d'appareil n'est pas un défaut. Simplement, je constate que je n'en suis pas un et que je dois à ce défaut de fabrication (puisqu'il est question d'appareil !) ma sévère défaite.

J'ai une satisfaction à l'issue de cette campagne interne : les socialistes de Saint-Quentin sont désormais unis sur une même ligne politique. J'ai deux regrets : ne pas être parvenu à faire passer l'idée de primaire citoyenne, dont nous aurions pourtant bien eu besoin pour mobiliser notre électorat (il n'y a eu que 46 votants hier soir !) ; ne pas avoir anticipé le retrait d'Anne Ferreira, qui aurait permis une entente avec Michel Garand et une seule candidature au final. Et puis, bien sûr, un troisième regret, mais personnel : j'aurais tellement aimé affronter Xavier Bertrand, je m'y étais tant préparé !

Et maintenant ? Ma philosophie de vie, c'est qu'un individu ne change pas, qu'il reste ce qu'il est, pour le meilleur et pour le pire, et que ça ne s'arrange pas avec l'âge ! Je crois même que c'est la grandeur d'un individu d'assumer ce qu'il est, de ne pas renoncer à sa personnalité. Je vais donc continuer à un être un agitateur d'idées, je vais poursuivre mon engagement associatif, ma vie publique, ma passion pour la politique et pour Saint-Quentin. Mais j'ai le devoir de tirer des leçons de ma défaite : avec un si faible nombre de voix, je ne suis pas qualifié pour figurer sur la liste municipale. Si le déséquilibre des voix entre Michel et moi avait été moins fort, ma position serait différente. Mais là, il faut respecter le choix des adhérents, qui est très clair.

En guise de testament politique, et puisque mes idées passent beaucoup mieux que ma personne, j'aimerais que trois propositions que j'ai faites pendant la campagne fassent leur chemin dans la réflexion collective : l'engagement de ne pas augmenter la pression fiscale afin de préserver le pouvoir d'achat des Saint-Quentinois ; la signature d'une charte du candidat afin de s'assurer que tous nos élus siégeront en séance et participeront à la vie locale ; l'ouverture de la liste, pour moitié, à des personnalités de la société civile.

Pour finir, j'adresse mes félicitations, mes encouragements et tout mon soutien à Michel Garand. J'avais écrit, sous forme de boutade, qu'il ferait un très bon maire et que je ferais un très bon chef d'opposition. Je n'ai pas changé d'avis, je lui souhaite de devenir le très bon maire qu'il peut être. J'associe à ces voeux tous mes camarades : je n'ai pas su les convaincre, mais d'une défaite personnelle je ne fais pas une affaire personnelle. En politique, il n'y a que la politique qui compte, c'est-à-dire les idées.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Même si XB l'aurait de toute façon remporté en 2014, la campagne aurait été plus intéressante avec vous en tant que candidat.
Les socialistes saint-quentinois restent sur une vision d'avant 2000, alors que les primaires ouvertes de 2011 ont bien montré l’intérêt des Français pour ce mode de désignation.

Emmanuel Mousset a dit…

Il ne faut préjuger ni du résultat d'une élection, ni de l'intérêt d'une campagne. Ma seule certitude, c'est que nous avions tout à gagner à organiser des primaires.

Anonyme a dit…

En démocratie, on ne peut pas avoir raison contre la majorité même quand elle a tort.

On ne peut être seul à vouloir gagner,
quand les autres n'aspirent qu'à perdre.

Emmanuel Mousset a dit…

Ce n'est pas tout à fait ainsi que je vois les choses :

1- En démocratie, par principe, la majorité a raison. Ma défaite prouve que j'ai eu tort. Et si Michel perd l'an prochain, il aura eu tort lui aussi.

2- En politique, tous veulent gagner, mais pas forcément la même chose : pour les uns, ce sera devenir des élus ; pour les autres, ce sera battre la droite ; pour les troisièmes, ce sera exercer une influence, se plaire à être faiseurs de roi. En ce qui me concerne, je me range dans la deuxième catégorie.


Anonyme a dit…

il me semble que votre analyse est incomplete, votre défaite est aussi la consequence de vos années en tant que chef de section du ps à st Quentin, vous avez déplu pendant votre mandat à une bonne parti des militants, c'est ce que j'entend ajourd'hui. on en peu pas faire table rase du passé, vous avez déjà eu la confiance de la section locale. Peut etre n'aviez vous pas tiré à l'époque toute les lecons de cette experience ?
je pense pour tant que vous avez raison, votre echec viens surtout que vous n'adhérez pas à l esprit d'appareil, et allez souvent au combat sans avoir au préalable constitué une equipe de militants chargé de soutenir vos candidatures, vos projets.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Il faut vous méfier de ce que vous entendez, surtout venant de certaines bouches.

2- J'ai été secrétaire de section il y a quinze ans, la plupart des adhérents d'aujourd'hui n'étaient pas là.

3- Je tire toujours des leçons de toute expérience politique.

4- La question n'est pas de plaire ou de déplaire, mais d'être utile ou pas. Un démago plaira sans problème à tout le monde.

5- J'ai été réélu à la tête de la section avec 90% des voix. Ces années-là ont été mes plus belles années politiques à Saint-Quentin.

6- On se fait élire d'abord, on constitue des équipes après. Sinon, vous verrouillez le système, vous vous liez les mains, vous compromettez votre autorité.