mercredi 26 juin 2013

La plus dure des batailles



La gauche saint-quentinoise va s'engager, pour la campagne des municipales, dans la plus dure des batailles jamais livrée depuis une vingtaine d'années. En 1995, la gauche avait l'avantage d'être sortante ; en 2001, elle était conduite par la députée socialiste ; en 2008, elle était unie, jusqu'à l'extrême gauche. A chaque fois, la gauche locale disposait d'un atout assez fort, ce qui n'a pas empêché sa triple défaite. Cette fois-ci, la gauche n'aura aucun de ces atouts, elle part en quelque sorte nue au combat ; mais paradoxalement, je crois que ça n'interdit pas forcément sa victoire. Les difficultés seront de cinq ordres :

1- Pour la première fois, la gauche va affronter une personnalité nationale, très médiatique, ancien ministre, ancien chef de parti, ce que n'était pas Pierre André. Xavier Bertrand a pour lui l'expérience, la compétence, l'habileté et la dureté, main de fer dans un gant de velours. Ce sera le combat de David contre Goliath. Mais rappelez-vous de la fin de l'histoire ...

2- Pour la première fois, la gauche aura pour adversaire, à confirmer, une liste du Front national qui va très largement chasser sur nos terres électorales, les milieux populaires. Autant de voix en moins pour le premier tour ... Or, c'est au premier tour que tout va se jouer : si l'avance des socialistes n'est pas assez grande, l'écart ne se rattrape pas. Inutile donc d'espérer récupérer les voix du FN au second tour pour l'emporter : ce sera trop tard. Et puis, n'oublions pas les dernières cantonales : personne n'osait croire que le PS serait éliminé dès le premier tour, il l'a été !

3- Pour la première fois depuis 1995, la gauche partira aux municipales divisée. Les communistes (Bécourt-Tournay) auraient accepté de repartir avec Lançon, peut-être avec Ferreira mais jamais avec Garand ou moi. Je crains beaucoup une alliance PCF-POI, qui entraînerait avec elle LO, le NPA, éventuellement les Verts. Les lambertistes, qui mettent la stratégie au dessus de tout, sont capables d'un tel montage. Et si Olivier Tournay en prend la tête, ça fera très mal aux socialistes. Ils ont des militants (regardez la préparation de la Fête des Libertés), ils sont une référence historique dans Saint-Quentin, ils auront sur leur liste quatre conseillers municipaux (Tournay-Aurigny-Zanditenas-Mousset), alors que le PS n'en aura au mieux qu'un seul (Berlemont), puisque Lançon a dit qu'il ne se représenterait pas. Ils apparaîtront à juste titre comme le prolongement de l'opposition actuelle : vous imaginez un peu la confusion dans la tête des électeurs ! Une liste PCF-POI-LO-NPA, portée par une dynamique de radicalisation, peut espérer récolter 7 à 8%.

4- Les partenaires traditionnels du parti socialiste vont être difficiles à trouver. Les Verts n'ont jamais réussi à exister vraiment, le Front de Gauche pâtit de la dissidence communiste et est lui aussi très critique envers la social-démocratie, le PRG n'a aucun représentant, le MRC n'est pas présent. Les socialistes vont devoir, pour l'essentiel, compter sur leurs propres forces.

5- Enfin, dernière difficulté : le contexte national, l'impopularité de François Hollande, ne sera pas porteur pour les socialistes. Quand on sait que même lorsqu'il y a eu une vague rose ces dix dernières années, le PS n'en n'a jamais bénéficié à Saint-Quentin, on est effrayé à l'idée de ce que va produire une situation de fort reflux électoral.

Je n'exagère donc pas en disant que nous allons entrer dans la plus dure des batailles électorales que nous n'ayons connues, d'autant plus dure qu'on ne pardonnera pas à la gauche de perdre une quatrième fois consécutive. C'est pourquoi la notion un peu lyrique de chef de guerre n'est pas exagérée non plus. Sinon, on va se faire bouffer, par les fachos, par les gauchos, par Bertrand et par l'air du temps. "Père, garde-toi sur ta droite et sur ta gauche", je ne sais plus quel personnage historique disait cela, qu'on apprenait à l'école, mais je crois que les socialistes saint-quentinois en sont là : attaqués de toute part, sur leur gauche et sur leur droite. Encore heureux qu'ils ne soient plus attaqués de l'intérieur, par les divisions internes ! Qu'ils se donnent demain soir un chef de guerre, et le soleil enfin se lèvera, celui d'Austerlitz ; sinon, ce sera un nouveau Waterloo et sa morne plaine.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'auteur de cette phrase "Père..." est Philippe le Hardi s'adressant à son père Jean le Bon, à la bataille de POITIERS (1356).
L'instit'

Emmanuel Mousset a dit…

Merci. Philippe le Hardi, voilà un nom que j'aime bien.