dimanche 23 juin 2013

Cronenberg en trop



Vendredi soir, à Hirson, Claude Trévin et son équipe (en vignette) m'a demandé de venir animer la séance du Ciné-Blabla. Le film, Antiviral, de Brandon Cronenberg, est tout à fait dans la lignée de ce que fait le père, David : fantasmes autour de la biologie, obsession de la techno-science, quête délirante de la perfection et de l'immortalité. L'histoire est totalement folle : des fans se font inoculer les maladies de leurs idoles, dans un désir d'identification ! Des steaks de cellules humaines sont vendus illicitement ...

Bien sûr, tout ça renvoie à nos angoisses contemporaines : le sang contaminé, la peur des virus, le phénomène de starification, mais aussi à de très archaïques et obscures pulsions de l'humanité : le cannibalisme, le vampirisme. Ceci dit, je trouve que Brandon Cronenberg, à trop vouloir suivre les traces de son père, en fait trop. Le scénario est répétitif, le film un peu longuet et surtout pénible à regarder. Certes, ce malaise est voulu par le réalisateur. Mais l'esthétique blafarde et glauque, l'atmosphère clinique et morbide finissent par saturer l'esprit.

Si on ne fait pas de bons films, comme de bons livres, avec de bons sentiments, on n'en fait pas non plus avec que des mauvais. Antiviral ne présente aucun personnage positif, aucune solution à laquelle se raccrocher. Tout y est horrible du début à la fin, sans secours possible : c'est un monde en blanc (la couleur dominante du film) qui, à force de voir tout en noir, nous empêche de penser quoi que ce soit. Car cet univers-là, hantise de la famille Cronenberg, est censé être notre futur proche. L'excès est si fort qu'on n'y croit pas et qu'on n'y réfléchit pas, puisque d'emblée tout est à condamner dans ce monde à venir. Drôle d'idée aussi pour un créateur de se ranger dans le prolongement de l'oeuvre de son père. Mais si vous avez envie de faire des cauchemars la nuit, allez voir Antiviral : dans le genre, c'est très bien fait.

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