lundi 24 juin 2013

Lui et moi



Plusieurs lecteurs se sont émus de la place accordée à la candidature de Michel Garand dans L'Aisne Nouvelle de samedi dernier (couverture et deux pleines pages intérieures). Surtout, ils ont été choqués par la présentation du journal, qui laisse entendre que la désignation est faite et le candidat socialiste déjà choisi. A tous, je rappelle que la presse est libre et qu'il n'y a donc pas à lui reprocher quoi que ce soit. Elle n'est pas tenue par les statuts du parti socialiste !

Et puis, la position de L'Aisne Nouvelle ne fait que refléter une réalité, que Michel Garand souligne au début de son interview : il a été pré-sélectionné comme "meilleur candidat" par les bureaux des deux sections locales, adoubé publiquement par la vice-présidente du Conseil régional de Picardie, le secrétaire de section de Saint-Quentin, le premier secrétaire fédéral adjoint et le secrétaire fédéral chargé des élections. Ce ne sont pas de simples soutiens individuels mais une véritable coalition qui porte Michel Garand.

Dans ces conditions, il est logique que L'Aisne Nouvelle considère que les jeux sont faits, que la messe est dite. En ce qui me concerne, je ne préjuge pas du résultat, je me présente aux suffrages de mes camarades en respectant nos règles, je ne me prévaux de personne, je ne me retranche derrière aucun parrainage : une tête de liste et un maire doivent garder les mains libres, ne dépende de personnes d'autres que de ceux qui les ont démocratiquement mandatés. Aurélien Walti m'a ce matin à mon tour interviewé, pour l'édition de demain de L'Aisne Nouvelle. L'incident est donc clos.

Comme promis hier, je veux en venir au fond des déclarations de Michel, sur lesquelles il y a accord général entre lui et moi, ce qui n'empêche pas les différences, d'ailleurs fructueuses. Sinon, à quoi bon organiser une élection ? Le débat est dans la tradition du parti socialiste. Sur la zone franche, Michel Garand a un jugement entièrement négatif et veut mettre fin à ce dispositif. Ma position est plus nuancée : comme Michel, je pense que les promesses que laissait espérer la zone franche n'ont pas été tenues, sinon le taux de chômage à Saint-Quentin ne serait pas ce qu'il est. Mais cette mesure (que choisissent d'adopter des maires de gauche) a tout de même réussi à maintenir un certain niveau d'emploi. Surtout, sa disparition ne créera pas un seul emploi nouveau ! C'est pourquoi c'est selon moi un mauvais cheval de bataille.

Les professions libérales qui ont quitté le centre ville pour bénéficier des exonérations fiscales ne vont pas forcément y retourner. En revanche, certaines entreprises extérieures seront enclines à partir. Redynamiser le centre ville est une impérieuse nécessité, mais pas en supprimant la zone franche : la concurrence n'est pas à craindre, il ne faut pas vouloir revenir à ce qu'était il y a trente ans le centre ville. Les modes de vie et de consommation ont évolué, la périphérie est une seconde ville, il faut s'adapter à cette nouvelle donnée.

Je préconise une occupation permanente et systématique de la place de l'Hôtel de Ville, à travers des animations de multiples sortes. Le centre ville ne renaîtra qu'en mobilisant encore plus sa fréquentation, son flux de population, en le rendant constamment attractif. Une seconde mesure est à réfléchir : le problème du stationnement. La périphérie commerciale est séduisante parce qu'on s'y gare facilement et gratuitement. C'est donc dans cette direction qu'il faut aller chercher des solutions, pas du côté d'une hypothétique suppression de la zone franche, dont les pertes seraient probablement supérieures aux gains en matière d'emplois.

Sur la zone franche, j'admets qu'il y a discussion, et je ne fais qu'émettre un point de vue personnel. Mais sur la fiscalité, il n'y a rien pour moi de négociable : je m'oppose totalement à toute hausse des impôts locaux, alors que c'est au tour de Michel d'être beaucoup plus nuancé ("On ne peut pas offrir de garantie complète", dit-il). Je garantis quant à moi que les impôts n'augmenteront pas. Non pas que je sois un libéral hostile par principe à l'impôt, mais parce qu'à Saint-Quentin les impôts locaux sont déjà très, trop élevés : laisser un doute sur leur possible augmentation, c'est faire planer une menace sur le pouvoir d'achat, dans une population saint-quentinoise durement touchée par la crise. Non, la hausse des impôts, ce n'est pas possible ! Je vais plus loin : si un nouveau projet entraînait une hausse des impôts, je préférerais encore renoncer au projet (cas d'école).

Un dernier point suscite mon désaccord avec Michel, lorsqu'il dit, faisant référence à Xavier Bertrand : "Quand on aime sa ville, on scolarise ses enfants à Saint-Quentin". J'estime que mon camarade franchit la ligne jaune en évoquant la vie privée de notre adversaire politique. La confrontation politique doit rester un échange d'arguments, sans aucune référence à la vie des personnes, de leur famille, de leurs enfants. Surtout pas. Un choix individuel, pour des raisons que nous n'avons pas à connaître, ne contredit pas un engagement public. En tout cas, jamais je ne mettrai mon combat contre Xavier Bertrand sur ce terrain-là.

Enfin, il est inutile de charger Jean-Pierre Lançon quant à sa responsabilité dans l'incurie et l'inertie de l'opposition. Désormais, nous sommes tous d'accord que les alliances avec l'extrême gauche étaient une grave erreur politique qui a débouché sur une absence des élus d'opposition dans la vie publique locale. Mais je n'aime pas la chasse à l'homme ni la logique du bouc émissaire. Jean-Pierre a certes proposé ces alliances, mais Anne Ferreira les a défendues aussi et notre fédération n'a pas validé le vote de la section qui les refusait majoritairement. Il y a donc responsabilité collective.

Pendant six ans et pour quelques mois encore, Jean-Pierre a été chef de file de l'opposition, sur une ligne qui n'était pas la mienne mais avec un courage qu'il faut lui reconnaître lorsqu'il a dû, à chaque séance municipale, s'affronter durement au maire et à la majorité en place. J'en sais quelque chose, moi qui ai assisté à presque tous les conseils municipaux. Bien malin celui qui pourrait certifier que face à une bête politique telle que Xavier Bertrand, il ferait beaucoup mieux en matière d'opposant. Je n'ai pas en tout cas cette prétention. Mon jugement critique sur la ligne politique de Jean-Pierre Lançon ne me prive pas de saluer l'homme, dont il faut tout de même avoir la justice de remarquer que son engagement a toujours été désintéressé.


Dans mon billet de demain, j'exposerai quelques propositions de mon programme municipal.

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