mercredi 19 juin 2013

Candidat libre



Il n'y aura pas de deuxième surprise : après la défection d'Anne Ferreira et le retrait de l'aile gauche, le Courrier picard confirme, dans son édition d'hier, qu'il n'y aura que deux candidats au titre de premier des socialistes pour les élections municipales à Saint-Quentin : Michel Garand et moi. Comme l'avait déjà remarqué L'Aisne Nouvelle, c'est notre proximité politique, la social-démocratie, le réformisme, qui sont soulignés, à juste raison.

Mais il faut tout de même qu'il y ait forcément des différences entre nous, sinon à quoi bon deux candidatures ? C'est ce débat entre Michel et moi que je compte mener, et si possible gagner, dans la semaine qui nous reste, d'ici au vote des adhérents. Ce débat, j'entends le conduire dans le respect et la loyauté, ce qui m'est d'autant plus facile que Michel Garand est quelqu'un que j'estime, au point de lui avoir consacré six pages dans mon ouvrage Les Saint-Quentinois sont formidables (pp.225-231), sans imaginer un seul instant que nous serions un jour concurrents !

En lisant l'article du Courrier picard, je pointe plusieurs sujets de débat entre nous. D'abord, il y a la démarche : je me présente en candidat libre, ne sollicitant au préalable aucun soutien particulier, mais m'adressant à l'ensemble des adhérents à partir des analyses et des idées que je vais leur soumettre. Le rassemblement, je veux le créer autour de propositions précises : c'est dans les urnes, à travers le choix des adhérents, que le rassemblement se fera, nulle part ailleurs ni à aucun autre moment.

La démarche de Michel est très différente : il fait du rassemblement un postulat de départ (et non pas un résultat), se pose d'emblée en rassembleur et même en homme du consensus, ce que je ne fais pas, parce que j'estime que ce sont les adhérents, par leur vote, qui en décideront, pas Michel ni moi. La position du rassembleur préalable, autoproclamé ne me convient pas parce qu'elle suppose ce qui reste à démontrer. Tout candidat, par définition, se veut rassembleur ; encore faut-il le prouver. Et la seule preuve en politique, c'est le vote, pas la déclaration de principe.

Certes, Michel Garand argue de plusieurs soutiens d'importance en sa faveur, et même de toute une coalition Ferreira-Lançon-Andurand-Héry. Mais ça prouve quoi ? Quand on est fort, déterminé, sûr de soi, a-t-on besoin d'afficher autant de supporteurs, dont certains le sont de fraîche date et aux intentions encore mal définies ? Et puis, il ne faut pas qu'il y ait tromperie sur la marchandise : les statuts du parti socialiste ne prévoient pas de candidatures collectives mais strictement individuelles. Nous ne sommes pas dans un processus de congrès, où des listes de pétition circulent pour soutenir les motions. La candidature de Michel n'est pas l'Hydre de Lerne aux multiples têtes : les adhérents ne vont pas voter pour Garand-Ferreira-Lançon-Andurand-Héry ! Il en manquerait d'ailleurs deux, l'Hydre en avait sept ... Quoique l'image de la mythologie irait plutôt en ma faveur, puisque Hercule les a toute coupées d'un seul coup d'épée !

Bien sûr, la situation ne fait pas de moi le favori mais l'outsider. Ceci dit, soyons prudents : L'Aisne Nouvelle de jeudi dernier annonçait une centaine d'adhérents qui pourraient se déplacer pour aller voter. L'électorat est suffisamment large pour créer des surprises, rendre le résultat incertain. Mes arguments peuvent porter. Surtout, je crois que les adhérents n'apprécieraient pas qu'un des deux candidats soit désigné d'avance comme le gagnant. Car alors, à quoi bon débattre, à quoi bon même aller voter, si l'on décrète que Michel a déjà une majorité en sa faveur ?

Candidat libre d'un côté, candidat soutenu de l'autre, il y a un autre paramètre à débattre dans cette différence de méthode. Quand on est candidat soutenu, porté par une coalition, on est forcément tributaire de ses soutiens, qui ne le font pas pour rien. On devient un obligé, on a des comptes à rendre, des engagements à teni, on se retrouve sous influencer. Un soutien se monnaie par exemple en échange d'une place éligible sur la liste. La gratuité n'existe pas en politique. Ce n'est pas ma méthode : je ne veux pas de fil à la patte, je n'ai pas besoin d'un coach pour me guider.

Candidat libre je suis, candidat libre je reste, c'est à dire ouvert à tous, à l'écoute de tous, ne privilégiant personne, n'écartant personne parce qu'aucune alliance ne me lie à qui que ce soit. Au moment de constituer la liste, mes seuls critères de choix, ce seront la volonté, la compétence et la notoriété. Je ne promets rien à personne, ni maintenant ni après. Cette liberté est, selon moi, un gage de réussite pour constituer, exercice très délicat, une bonne liste, une liste ouverte c'est à dire une liste gagnante.

Un dernier point, lui aussi de méthode, me sépare de Michel Garand. Dans le Courrier picard, il annonce qu'il ne fera qu'un seul mandat de maire (il en sera de même, je suppose, s'il se retrouvait chef de file de l'opposition). Ce n'est pas mon point de vue : autant je suis favorable à la réduction du nombre des mandats, autant je ne suis pas favorable à leur limitation dans le temps. J'estime que la politique exige un engagement dans la durée : un seul mandat, c'est court quand on veut mettre en oeuvre des projets ambitieux.

Et puis, c'est aux électeurs d'en décider. Dans l'opposition, même raisonnement : à Saint-Quentin, nous souffrons de discontinuité, nous changeons sans arrêt de chef ! (ce qui signifie en réalité que nous n'en avons aucun). Quant à moi, je ne limiterai pas mon action à un seul mandat : maire de Saint-Quentin ou chef de l'opposition, je m'inscrirai dans la longue durée. Je suis devenu secrétaire de la section de Saint-Quentin en juin 1999. Depuis cette date, je n'ai jamais lâché la politique locale, j'ai toujours été présent, quels que soient les aléas et les coups du sort. Mes camarades peuvent donc compter sur ma motivation durable.

Le débat entre Michel et moi ne fait que commencer. Il se poursuivra demain soir, devant tous les adhérents, que j'invite à participer massivement à notre assemblée générale de présentation des candidatures. Le vote aura ensuite lieu le 27 juin : là aussi, que tous les socialistes fassent le petit effort de se déplacer pour aller voter. Et que le meilleur gagne ! comme on dit.

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