mardi 18 juin 2013

Pour un pacte républicain



Il y a eu, dimanche, l'échec du candidat socialiste, battu à Villeneuve-sur-Lot par le Front national et le débat qui s'en est suivi sur la nécessité ou pas d'un front républicain. Hier, à l'issue de l'inauguration de la Maison de la Lecture (voir billet précédent), dans un échange informel avec Xavier Bertrand, j'ai constaté, je crois, une analyse commune : les progrès de l'extrême droite constituent un avertissement lancé à toute la classe politique, dont il faut sérieusement se préoccuper. J'y ai repensé aujourd'hui, lors de la commémoration de l'Appel du 18 juin 1940 par le général de Gaulle, symbole de la résistance au nazisme et à tous ceux qui ont collaboré avec lui (voir vignette, avec les enfants de l'école Ferdinand-Buisson).

Je ne sais pas si Xavier Bertrand est pour, mais je suis totalement favorable à la stratégie dite de front républicain : dans toute élection où le Front national est opposé au second tour avec le candidat PS ou UMP, les deux partis de gouvernement, républicain l'un et l'autre, doivent appeler à voter pour ce candidat. Je l'ai fait en 2002 et en 2011, votant à chaque fois UMP sans regret : l'extrême droite, c'est le pire, il ne faut pas l'oublier, en cette journée historique du 18 juin. Bien sûr, il faut souhaiter un jeu démocratique normal, gauche contre droite, dans lequel je vote systématiquement à gauche depuis toujours, puisque c'est ma famille politique, quasiment héréditaire. Mais lorsque la démocratie est déstabilisée par le FN, il faut tout faire pour endiguer l'influence de ce parti extrémiste et dangereux.

A ce propos, je veux répondre à l'argument de Jean-Claude Le Garrec dans le billet d'hier sur son blog : "Le FN, il me semble que c'est un parti républicain, sinon il serait interdit". L'argument a le mérite de la simplicité, mais il est entièrement faux : de nombreux partis non ou antirépublicains sont légalement autorisés, par exemple des organisations monarchistes telles que la Restauration nationale ou bien le mouvement frappé de dissolution Troisième Voie, qui est néofasciste. De fait, le Front national, sans être monarchiste ou néofasciste, est pourtant antirépublicain lorsqu'il remet en cause le droit du sol, hérité de la Révolution française, dont la négation porte atteinte au principe d'égalité. Je pourrais multiplier les atteintes au droit républicain dans le programme du Front national.

A Saint-Quentin, la menace frontiste est gravissime. Cette fois-ci, et pour la première fois, le FN risque de présenter une liste aux prochaines élections municipales, qui prendra des voix à droite et à gauche, sans présenter une alternative crédible à des électeurs qui sont leurrés par ce parti. Aux dernières élections cantonales, les candidats socialistes ont été battus par l'extrême droite : cela devrait nous inquiéter et nous faire réfléchir. Mais la droite elle aussi peut pâtir de la présence du FN. C'est pourquoi il faut dès maintenant envisager un front républicain, en allant cependant plus loin.

En effet, ce que je reproche à la stratégie du front républicain, c'est qu'elle est ponctuelle, au cas par cas et à géométrie variable. Il faut rendre plus lisible et plus systématique, plus politique et moins électoraliste le rejet républicain du Front national. Je souhaite passer du front républicain au pacte républicain. Un pacte est un accord préalable, délibéré et assumé, idéologiquement construit, s'appliquant en toutes circonstances : en l'occurrence, l'engagement public des deux grands partis républicains à faire battre le parti antirépublicain, en appelant à voter pour l'un ou pour l'autre au second tour. Ce pacte rendrait formel et explicite ce qui n'est pour l'instant que spontané et localisé. Si mes camarades me désignent premier des socialistes pour la liste municipale, j'initierais, avec leur accord, une démarche en direction de Xavier Bertrand, afin de conclure avec lui ce pacte républicain de soutien réciproque au second tour, en cas exclusif d'une candidature maintenue du Front national. Ce sera un signe fort lancé à l'électorat frontiste, un avertissement républicain.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

xavier bertrand a clairement dit à jean jacques bourdin, hier matin, qu'il voterait blanc si PS/FN

Emmanuel Mousset a dit…

Ce sera donc un sujet d'opposition entre lui et moi durant la campagne municipale : ne pas choisir, renvoyer dos à dos un parti républicain et un parti antirépublicain, c'est une attitude irresponsable et dangereuse.