dimanche 23 juin 2013

Balade irlandaise



Mercredi, j'avais mes copies de bac à corriger, ma présentation de candidature à préparer (j'en reparlerai dans mon prochain billet) et un orage à affronter (en pleine nuit, il faisait comme jour à cause des éclairs !). Mais j'ai pris tout de même ma voiture pour me rendre à Soissons. Qu'est-ce qui peut pousser un homme très occupé à sacrifier sa soirée, à parcourir 70 km, à braver les éléments déchaînés ? Deux réponses : un rendez-vous torride avec une maîtresse ou bien un événement culturel à ne pas manquer. Que croyez-vous qu'a été ma motivation ? La seconde solution, bien sûr !

Je me suis rendu, sur le très chic boulevard Jeanne d'Arc, au théâtre Rive droite, pour assister au spectacle de lecture de textes Interrompre le silence. L'écriture est de Denis Mahaffey, la lecture de lui et de Martine Besset et la mise en voix de Jacques Delorme (en vignette, Denis à mes côtés). Je connais Denis depuis plusieurs années, depuis qu'il fréquente régulièrement le café philo de Soissons. Il m'est difficile de vous parler de son travail, puisqu'il faut essentiellement l'entendre, l'écouter, et pas le raconter. C'est un art qui s'apprécie à la voix, dans l'instant. On ne peut pas le goûter en différé.

Denis Mahaffey nous entraîne pendant plus d'une heure dans son univers, personnel et irlandais, puisqu'il nous vient de ce beau et sauvage pays. Martine certes lit elle aussi, mais je crois que ces textes ne peuvent s'entendre que sortant de la bouche de leur auteur. Il y a l'accent qui donne tout son charme à la lecture, et puis le ton de voix, calme, apaisant, étonné. Denis nous parle de lui, de sa vie, de ses péripéties avec une heureuse distance, une malice permanente, une auto-ironie assez jubilatoire. Il en résulte une sorte de philosophie de la vie faite de doux scepticisme et de sage résignation à l'égard des êtres et des événements. A quoi s'ajoute, fréquemment, un élément beaucoup plus dérangeant : la violence, qui est le revers tragique de cette petite comédie qu'est l'existence vue par notre diable d'Irlandais. Je me pose une question : est-ce que j'apprécierai autant le style de Mahaffey à la lecture qu'à l'écoute ? De l'oreille ou de l'oeil, qui l'emporterait ?

1 commentaire:

Denis.Mahaffey a dit…

Je commente un texte qui me concerne de près. Tu as pris une heureuse hauteur par rapport à la nature fragmentaire de l'ensemble de textes : c'est la tâche utile,voire essentielle, du critique.