mercredi 31 août 2011

Le grincement des girouettes.



La politique, comme n'importe quelle activité humaine, a ses grandeurs et ses faiblesses. La pire de ses faiblesses, pour laquelle je n'ai aucune indulgence, c'est le retournement de veste, la trahison, la lâcheté. Dutronc en a fait une chanson amusante, le bon sens populaire fustige à juste titre les "girouettes". Le vent qui les fait grincer, c'est celui, euphorisant, du pouvoir, selon la loi atmosphérique qui veut qu'un individu normalement constitué aura une irrépressible tendance à se rapprocher de celui ou celle qui représentent un pouvoir, réel ou supposé.

J'entends depuis quelques heures que certains socialistes "prennent leurs distances" à l'égard de DSK. Bel euphémisme, comme on les aime en politique, pour désigner diplomatiquement le lâchage, le reniement. C'est tout de même paradoxal : au moment où DSK est blanchi par la justice (ce qui n'était pas gagné d'avance) et où il s'apprête à rentrer innocent en France, quelques camarades s'éloignent prudemment. Les mêmes, aux premiers jours de cette affaire et dans les semaines qui ont suivie, l'ont pourtant soutenu. Qu'a-t-il bien pu se passer entre-temps ?

C'est très simple : les récents sondages manifestent une évolution de l'opinion vis-à-vis de DSK, qui se montre beaucoup moins favorable qu'au départ, où la stupéfaction, le soupçon de complot et l'indulgence étaient alors dominantes. Or, il y a une élection à gagner, il faut avoir l'opinion avec soi et DSK a perdu de son influence. Donc, il devient moins fréquentable. Voilà la terrible loi de la politique, à laquelle évidemment je n'adhère pas.

Et puis, il y a cette détestable obsession : que s'est-il passé dans la chambre du Sofitel ? Pour ma part, j'espère bien que personne ne répondra jamais à cette impudique interrogation. Il faut que cette chambre garde son secret, celui de la vie privée, puisque la justice est passée. De toute façon, si nous ne savons pas, nous devinons tous ce qui s'est passé : rien, absolument rien que de très banal qui puisse avoir lieu entre un homme et une femme, dans l'ambiguïté des rapports humains, sans gloire mais sans crime. Oublions ça, qui n'a ni intérêt, ni utilité.

Pour le reste, méprisons de bon coeur celles et ceux qui, en politique, modulent leur point de vue, non en fonction de la vérité ou de leurs convictions, mais selon les opportunités du moment, un jour soutenant celui-ci, le lendemain celui-là, défendant telle ligne puis telle autre par convenance personnelle, affirmant sans aucune gêne, avec même la pointe d'arrogance et de fierté requises, le contraire de ce qu'il pouvait dire auparavant. Quant à moi, s'il ne restait plus qu'un seul strauss-kahnien au monde, je serais celui-là, sans prétention mais naturellement.

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