mercredi 24 août 2011

Longue vie à Charlie !


La semaine dernière, j'ai acheté Charlie-hebdo, que je ne lis pourtant pratiquement plus depuis le départ de Philippe Val. Je le trouve moins bon, moins percutant. Mais cette fois-ci, c'était un numéro historique : le 1000ème depuis sa relance en 1992 ! Je n'ai pas été déçu : même si le niveau a un peu baissé, la lecture demeure plaisante. Et puis, Charlie est irremplaçable dans la presse française.

Ce que j'aime encore et toujours, c'est sa première page (la une, souvent très drôle) et sa dernière page (les couvertures auxquelles nous avons échappé), pleine de trouvailles, d'idées. Sinon, ce n'est pas vraiment pour les dessins que je feuillette Charlie mais pour ses articles : l'éditorial de Bernard Maris (même s'il est un peu trop radical pour mes convictions), le papier de Cavanna (parfois vieillissant), la rubrique de Patrick Pelloux, et aussi des surprises comme on n'en découvre que dans Charlie.

Par exemple, dans ce numéro 1000, je suis tombé sur un petit bijou de réflexion et d'écriture, en page 12, intitulé "Mort aux roulettes de valises !", signé Charb. C'est tellement vrai et si désopilant que je vous raconte : avez-vous remarqué la mini-révolution dans les gares depuis pas mal d'années déjà ? Il a poussé des pieds, je veux dire des roulettes, à nos bonnes vieilles valises.

Depuis que celles-ci existent, elles se sont très longtemps passées de tout accessoire pour faciliter leur usage, et personne ne protestait, sauf quand les valises étaient trop lourdes. Aujourd'hui, miracle : on leur a collé une paire de roulettes au cul. Bravo ? Non, ça fait un boucan terrible et c'est le triomphe de la feignasserie. Car on pardonnerait à une grosse valoche cet équipement. Mais la plupart du temps, les roulettes font avancer des sacs aisément transportables, qu'une main suffirait à soulever et à déplacer.

Notre société de confort à tous les étages n'aime pas ça, le moindre effort. Puisque les portes s'ouvrent toutes seules devant nous, que les escaliers mécaniques nous font monter et descendre sans nos pieds, que la voiture GPS nous conduit à destination sans qu'on s'inquiète du trajet, il fallait bien que le sac de voyage voyage presque sans nous. On va où comme ça ? Pourquoi pas, demain, des chaussures à roulettes pour nous éviter de marcher ?

Et puis, il y a la vanité sociale : comme la grosse bagnole fait crisser ses pneus pour montrer qu'elle a du coffre, la valise à roulettes est toute fière en couinant d'exhiber son propriétaire partant en vacances, tellement c'est chic. Le grand bourgeois a son domestique pour transporter ses bagages, le petit bourgeois a sa valise à roulettes. Chacun s'en sort socialement comme il peut !

Charlie-hebdo a le mérite, assez rare, de s'en prendre non seulement aux puissants (ce qui est répandu) mais aussi aux travers, au ridicule du tout-venant. C'est ce qui lui donne son sel. Longue vie donc à Charlie et à son équipe, et mort aux valises à roulettes !

1 commentaire:

alex a dit…

bonjour,
si vous pouvez mettre en ligne ici ou ailleurs cet article "mort aux roulettes de valises", cela serait bien !
merci d'avance.
alex