dimanche 21 août 2011

Retour du paganisme.



Un million de fidèles, jeunes, à la messe du pape lors du rassemblement des JMJ, à Madrid ! Il y a une semaine, c'est le dalaï lama, en France, qui attirait les foules. Dans les années 70, nous pouvions penser, et certains espérer, que la religion allait disparaître, dans une société laïcisée, rationaliste et largement sceptique. Visiblement non. L'idée que la foi est une vieillerie, une superstition que le progrès des sciences va balayer est à revoir. Sans doute l'homme aspire-t-il, au fond de lui, à la spiritualité, à la transcendance, sous une forme ou sous une autre ?

La religiosité se loge même là où l'on ne s'attend pas à la trouver. Je suis allé cet après-midi à Saint-Gobain, au Festival des Vers Solidaires, une manifestation musicale et écologique, de bonne réputation. Quel rapport avec la religion ? De multiples, étonnement ! C'est dans le programme : le vendredi soir, "dansons au clair de lune sur la Natural Transe". Le samedi, Masala proposait un "rock fusion spirituel". Dans la nuit, la prestation du groupe "culte" les Tambours du Bronx était présentée comme "mystique et énergisante". Plus tard, ce sont les Ramoneurs de Menhirs qui promettaient une "communion entre les humains et Mamm Douar" (Terre Mère en breton).

Ce dimanche, la référence religieuse était encore plus explicite, puisqu'il était question du "Bal de Gaïa", du nom d'une déesse grecque de l'Antiquité. De nouveau, l'assimilation de notre planète à une "mère" et des relations humaines à une "communion" était récurrente.

Vous me direz peut-être que ce ne sont que des mots, des images, des métaphores ... Sans doute, mais le vocabulaire a son importance, n'est jamais gratuit ou innocent. D'autres termes, d'autres sens pourraient être mobilisés. Le langage conditionne les pensées. Le Festival des Vers Solidaires est plus qu'une initiative en faveur de la protection de l'environnement ou un divertissement musical. Il y règne une ambiance, il y circule des préoccupations qu'on qualifiera, comme on voudra, de spirituelles, religieuses ou mystiques, de façon certes atténuée, implicite, indirecte, au second degré.

Me mêlant aux conversations, j'ai noté à quel point l'alimentation bio est évoquée avec la même ferveur qu'un juif parle de casher ou un musulman de halal. Le respect dû aux animaux est de cette fibre, les bêtes étant considérablement humanisées. La une du journal L'Union d'hier confortait ce sentiment, par ailleurs honorable : des cas de chats "martyrs" ont été révélés dans l'Aisne ces dernières semaines, qui soulèvent à juste titre l'indignation, avec cependant l'impression d'aller parfois trop loin : quand, au niveau national cette fois, une pétition à succès demande de ne pas euthanasier un chien qui a défiguré un enfant, cet aveuglement a de quoi inquiéter.

Après des siècles de christianisme, nous assistons peut-être à un lent retour du paganisme, par des détours inattendus, sous des expressions nouvelles, mais une constante : le culte de la nature et des animaux. Tant mieux ou tant pis, je ne sais pas ; en tant que laïque, je n'ai pas à juger.

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