mardi 30 août 2011

8 millions de pauvres.



L'Insee a publié aujourd'hui une étude accablante : en 2009, 8,2 millions de pauvres en France, 13,5% de la population qui vit avec moins de 954 euros par mois (dont la moitié à moins de 773 euros). Le chiffre est en progression. Conclusion de l'Institut de la statistique : la crise financière de 2008 a beaucoup plus frappé les classes modestes que les classes moyennes.

J'avoue ne pas avoir eu besoin de ces savantes estimations pour en arriver, par bon sens, observation et réflexion, à la même conclusion. Dans notre société, ce sont d'abord les pauvres qui morflent. Ça n'a pas toujours été le cas. Longtemps, le christianisme, prônant la charité, assurait une certaine protection des pauvres. Puis, c'est le communisme et la solidarité ouvrière qui ont pris, dans une autre perspective, le relais.

Et pourtant, la France est un pays riche, avec une économie développée, une protection sociale très large, une conscience progressiste forte. La pauvreté existera probablement toujours, pour de multiples raisons, mais on pourrait espérer qu'elle subsiste à l'état résiduel ou temporaire. Dans une société moderne, 8 millions de pauvres, 13% de la population, c'est un insupportable et même inexplicable scandale.

Aujourd'hui, et depuis une vingtaine d'années, les pauvres suscitent autour de nous un profond et injuste mépris. Dans une société qui vénère essentiellement l'argent, le pauvre est le réprouvé, le bouc émissaire, celui qu'on accuse de tous les maux. Combien de fois entendons-nous des amis, y compris parfois de gauche, dénoncer l'assistanat, s'en prendre aux SDF qui ont soi-disant une grosse bagnole, critiquer les familles qui détournent les allocations, accuser les parents pauvres de mal éduquer leurs enfants ? C'est le syndrome de l'écran plasma, cette haine odieuse du pauvre.

C'est que les pauvres n'ont personne, aucune organisation, aucun porte-parole pour les défendre. Être pauvre, ce n'est pas très bien porté dans les médias. Qu'est-ce que peut nous apporter un pauvre ? Rien, sinon la honte, la mauvaise conscience. Quelqu'un qui n'a pas d'argent, pas de relations sociales, c'est quelqu'un qui est mort, dont on ne se fait pas un ami. Au-delà des statistiques, le drame de la pauvreté est là, dans cette opprobre qui frappe désormais les pauvres. La misère matérielle a toujours existé, souvent plus cruelle qu'aujourd'hui. Mais jamais les pauvres n'ont été autant rejetés, refoulés, rabaissés.

A la suite de mon billet d'hier, je crois qu'il y a pour la gauche toute une partie de la population à retrouver, à écouter, à soutenir, en proposant des solutions à la pauvreté. J'aimerais que l'un des thèmes de la campagne des présidentielles soit celui-là.

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