jeudi 4 août 2011

Eloge du minou.

De quoi parlent, au coeur de l'été, celles et ceux, comme moi, qui restent à Saint-Quentin ? De la pluie et du beau temps (de la pluie surtout), de chiens et de chats (de chats surtout). Qu'on cause climat, c'est connu. Mais que viennent faire ici nos amis les bêtes ? Une petite polémique court depuis quelques jours, lancée par l'association Saint-Quentin Félins en direction de la municipalité. La blogosphère locale s'en est aussi mêlée. A quoi vous pouvez ajouter les soubresauts au sein de la SPA locale ...

Je retiendrais le débat autour des chats. Si je n'aime pas trop les animaux, j'adore les chats, comme le faisaient les anciens Egyptiens, civilisation hautement développée. Et je n'apprécie pas qu'on attaque ces charmants animaux, dont je veux être l'avocat, le temps d'un billet. Car le chat est le meilleur compagnon et la plus noble conquête de l'homme, bien au-dessus du cheval, du chien et du poisson rouge.

Pourtant, le chat est l'animal qui a subi le plus de persécutions dans le passé : au Moyen Age, l'Eglise le grillait vif, l'accusant d'être une créature du diable. D'autres espèces ont bien sûr souffert d'exploitation, l'âne, le cheval, le boeuf par exemple. Mais seul le chat a été visé par un plan d'extermination, non pas pour des raisons d'utilité, seulement pour des motifs idéologiques (certains insectes sont eux-aussi massacrés, mais par nécessité).

Encore aujourd'hui, des esprits chagrins dénoncent les chats, font circuler sur leur compte des préjugés, notamment cette légende des "chats errants" qui "prolifèrent" et entraînent de nombreuses "nuisances". Mensonges et fantasmes ! "Chat errant", l'expression est contradictoire : le chat est très organisé, il choisit , délimite et contrôle un territoire aux limites très précises, à la superficie plus ou moins grande. Mais pas d'errance, pas de vagabondage chez les chats, qui ne s'égarent jamais, retrouvent très vite leur chemin et leur domaine.

En vérité, ce que les esprits bourgeois ne supportent pas chez le chat, c'est son sens inné de la liberté, son instinct rebelle, son refus de la propriété, qui le font s'installer là où il a envie et d'y faire ce qu'il désire : c'est le plus libéré, et même le plus libertaire de tous les animaux. Politiquement, le chat, très indépendant, est plutôt de gauche alors que le chien, qui ne peut pas vivre sans un maître, est assurément de droite.

Et puis, quelle intelligence, quelle sensibilité ! Le chat est moralement un exemple à suivre. Quand j'observe le mien en train de dormir (et il pionce souvent, le bougre !), je me dis que j'ai devant moi l'être le plus heureux au monde, avec sans doute la vache dans son pré. Et quelle personnalité, complète et complexe ! Ma bête est à la fois un paresseux, un hédoniste, et un chasseur, un joueur.

Sa cruauté est une autre légende : le chat est un mélange de ruse et de pulsion, qui ne fait que suivre la loi de son espèce, pas plus méchant que bien des animaux, beaucoup moins d'ailleurs, puisque chez lui le jeu, marque de supériorité, l'emporte sur la guerre. Si le féroce lion est le roi de la jungle, le doux chat est le roi de nos toits, jardins et maisons, et c'est très bien ainsi.

Des âmes charitables acceptent de leur faire l'aumône de quelques viandes ou croquettes, allant jusqu'à leur construire un petit abri dans les recoins discrets de la voie publique. Je connais deux de ces modestes asiles dans mon quartier, je suis ému par l'intention et le geste. Pourquoi s'en offusquer ?

Ces aménagements sont rares dans Saint-Quentin , autant que peut l'être la vraie générosité, celle qui n'attend pas de réciprocité. Il n'y a tout de même pas péril en la demeure ni feu au lac. Faut-il qu'on les déteste pour les assimiler abusivement à de dangereux envahisseurs ! Je vois dans cette peur une résurgence de l'ancestrale superstition qui frappe les chats.

Je pourrais prolonger mon éloge du minou, vous parler de sa beauté sauvage, de sa fourrure soyeuse, de son élégance naturelle et de bien d'autres qualités ... Je veux seulement vous convaincre de regarder avec tolérance les chats, eux qui ne cessent de nous scruter de leurs yeux mystérieux, attentifs, affectueux et bienveillants à l'égard des hommes.

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