samedi 6 août 2011

Le merdier et le lotus.

Leurs interventions étaient attendues. A Saint-Quentin, que pensent les anciens de l'opposition des petits nouveaux ? Le Courrier Picard d'hier a posé cette intéressante question. Odette Grzegrzulka, député PS de 1997 à 2002, fait fort, à son habitude : "Les socialistes à Saint-Quentin, quel merdier. Je ne vois pas la gauche gagner les prochaines municipales". Parole d'expert ? La saillie n'est pas très élégante. Mais est-elle vraie ?

Examinons la situation froidement et objectivement. Tout est relatif en matière de comparaison, d'une opposition à l'autre. Il y a dix ans, nous étions sévèrement battus par la droite, mais pas honteusement éliminés par l'extrême droite. Il y a dix ans, la section socialiste était divisée, mais pas coupée en deux. Il y a dix ans, nos réunions publiques n'attiraient pas les grandes foules, mais les salles n'étaient pas vides. On peut appeler cette évolution le "merdier" si on veut, bien que ce ne soit pas ma façon de m'exprimer.

Quant à la victoire de la gauche locale aux prochaines municipales, Odette n'invente rien : je ne connais personne dans Saint-Quentin qui nous imagine gagner, même si, en cherchant bien, un fou, un idiot ou un menteur vous dira sûrement le contraire. Mais ce n'est pas une raison pour désespérer. Au contraire, la difficulté doit être un stimulant, l'impossibilité apparente nous lance un défi, pourvu qu'on ne passe pas du désespoir ("c'est foutu") à la consolation ("c'est pas si mal que ça, ça ira mieux demain"). J'invite à méditer sur ce proverbe bouddhiste : "La fleur de lotus pousse dans la boue" (Odette dirait : le merdier).

Alix Suchecki, ancienne adjointe communiste aux finances, est celle qui a les mots et le ton les plus justes : "L'opposition actuelle fait ce qu'elle peut mais est limitée par la place qu'on lui laisse. Et puis, le conseil municipal c'est d'un plat ... On y avalise les décisions que le maire a prises auparavant". Tout est dit. L'opposition ne peut pas aller au-delà d'elle-même, de ses moyens, de ses choix, de ses alliances. Elle ne peut compter que sur sa bonne volonté. Mais est-ce suffisant pour gagner ?

Quant au conseil municipal, j'ai souvent expliqué que l'avenir de l'opposition ne se jouait pas dans ce théâtre d'ombres où les rôles sont programmés d'avance, mais à l'extérieur, dans la cité, les luttes sociales, la vie associative, les activités publiques. A défaut, l'opposition restera dans l'opposition, se satisfaisant de ses scores "pas si mauvais que ça". Mais je persiste à penser que ce n'est pas une vie, que les remèdes existent pour fortifier la gauche, à condition qu'elle ne reste pas dans son quant-à-soi, ses préjugés, ses routines. "La fleur de lotus pousse dans la boue", vous dis-je.

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