mardi 16 août 2011

Un quartier, une génération.



C'est un quartier et une génération qui se sont retrouvés ce matin dans l'église Saint-Jean, à Saint-Quentin, pour les obsèques de Paulette Barbier, disparue à l'âge de 87 ans. J'avais fait sa connaissance il y a dix ans, quand elle avait adhéré, avec son époux Maurice (décédé en 2003), à la section locale du Parti socialiste. Il m'arrivait alors déposer chez elle, directement, les invitations à nos réunions, lorsque je passais rue d'Epargnemailles, où le couple a habité successivement dans trois maisons différentes ! Paulette et Maurice étaient fidèles à leur quartier, Saint-Jean, dont ils étaient des figures familières et appréciées.

Fidélité très forte, aussi, à des convictions, religieuses et politiques : Paulette a été la cheville ouvrière, très jeune, de l'AOC à Saint-Quentin, l'action ouvrière chrétienne, le courant des chrétiens de gauche, de concert avec le mouvement des prêtres-ouvriers. Par leur action, l'église réputée conservatrice prenait une autre allure, offrait une autre image, parfois inattendue. Tout le monde se souvient de la restauration du maître-autel de Saint-Jean par Maurice, enseignant au lycée de l'ameublement. Cet attachement à une foi qui nourrissait l'engagement progressiste de Paulette explique que deux prêtres, ce matin, célébraient le service religieux, Antonio Tejado et François Pécriaux.

Politiquement, c'est bien sûr du côté du PSU, parti socialiste unifié, que Paulette a longtemps milité, en faveur d'un socialisme rénové, ouvert, démocratique. Les hommages rendus ont unanimement rappelé les valeurs d'humanisme, de partage et de solidarité qui étaient les siennes. Au PS, elle n'est restée que quelques années, l'âge et la maladie venant. Les liens se sont progressivement distendus, nous n'avions plus de lieux ni d'occasions pour nous retrouver, l'éloignement s'est fait naturellement, jusqu'au jour où l'on apprend la mort. Il ne sert à rien de regretter. C'est la vie.

De nombreux visages connus, des acteurs de la vie locale étaient présents ce matin dans l'église Saint-Jean : Jocelyne Guézou, militante communiste et membre actif de l'AOC ; Claudette Lemire, responsable de l'ASTI (association de solidarité avec les travailleurs immigrés) ; Françoise Vilport, ancienne présidente du centre social du Vermandois ; Christian Vilport, président des Jardins ouvriers ; Marie-Reine Dufretel, militante Verte ; Daniel Cordier, de l'association de quartier Saint-Jean ; René Horb, ancien maire de Harly ; Marie-Lise Semblat, présidente de l'association ASTER (actrices sociales des territoires européens ruraux) ; Jean-Pierre Semblat, conteur picard ; Hubert de Bruyn, ancien conseiller régional Vert ; Patricia Puchacz, du centre social du Vermandois ; Maurice Vatin, ancien conseiller régional socialiste ; ...

Toute cette génération saint-quentinoise, aux sensibilités différentes, est encore influente mais s'efface progressivement, poussant de nouvelles générations sur le devant de la scène locale. Il est vrai que ces dernières années, c'est plus souvent dans les commémorations ou les enterrements que les retrouvailles se font. C'est ainsi, c'est la vie. Ce qui importe, c'est de maintenir le fil des fidélités et de passer le relais. Je crois que la cérémonie d'aujourd'hui, autour du souvenir de Paulette Barbier, en donnait une belle et prometteuse illustration.

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