vendredi 5 août 2011

Un jour viendra.

Au dernier hommage rendu ce matin à Patrice Thétier, il y avait tant de monde que la chambre funéraire n'était pas assez grande. C'est pourquoi j'ai eu du mal à entendre les prises de parole. Ce que j'ai compris, en saisissant quelques mots au passage, c'est que tout un pan de la vie de Patrice m'était inconnu, alors que j'aurai aimé le partager avec lui.

Une collègue de travail nous a parlé de son intérêt pour la psychanalyse, Jacques Lacan, l'association Don Quichotte et les romans de Balzac. A l'écoute, je me suis dit que nous savons bien peu des autres, qu'on croit pourtant bien connaître : il y a l'image, mais nous allons rarement voir derrière. C'est d'ailleurs peut-être impossible. Mais il faut avoir toujours à l'esprit qu'un homme ou qu'une femme sont toujours beaucoup plus que ce qu'on en dit.

Dans la foule, j'ai reconnu beaucoup de personnels hospitaliers, des militants du syndicat SUD-Santé bien sûr, dont certains portaient le drapeau des manifs, des membres de la CGT. Quelques visages familiers : Laurent Pipart, responsable SUD-territoriaux ; Fabien Morini, de l'UNSA ; Maurice Vatin, figure socialiste, qui a fait partie de la même majorité municipale que Patrice Thétier, de 1977 à 1983, à Saint-Quentin (Patrice est devenu conseiller municipal à 23 ans !).

Au moment de se recueillir devant le cercueil, quelques chansons ont accompagné cette fin de cérémonie, et l'une d'entre elles m'a saisi, interprétée par Jean Ferrat, tirée d'un poème d'Aragon, pas très connue, "Un jour un jour". Cette chanson, je l'ai découverte et appréciée il n'y a pas si longtemps, il y a deux ans. J'avais décrit l'émotion qu'elle avait alors provoquée en moi dans un billet de mon précédent blog ( laisneavecdsk.blogspot.com/2009/04/un-jour-un-jour.html ). Et aujourd'hui, c'est ce même texte, superbe, qui me touche à nouveau, dans ces circonstances si particulières.

Dans l'après-midi, j'avais rendez-vous à l'hôpital psychiatrique de Prémontré, où la Ligue de l'enseignement anime les activités culturelles destinées aux patients, retrouvant ainsi le milieu dans lequel Patrice a travaillé, mais à Saint-Quentin. Curieuse coïncidence là aussi, lien entre la mort et la vie, comme si les choses avaient spontanément un sens. Je vous laisse avec le refrain de "Un jour un jour", et puis après, le silence :

Un jour pourtant, un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche.

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