lundi 29 août 2011

Attention, camarades.



Je suis satisfait de ce début de primaires au PS. L'université de La Rochelle a confirmé la ligne social-démocrate désormais dominante, à laquelle adhèrent très largement les deux candidats en capacité de l'emporter, Martine Aubry et François Hollande. Pendant l'été, l'un et l'autre ont insisté sur le problème de la dette publique.

Très bien : la justice sociale ne peut se pratiquer qu'avec des finances saines, une gestion équilibrée. Je ne comprends pas que le mot de "rigueur" puisse faire peur, même à droite. Et aujourd'hui, c'est la sécurité qu'Aubry et Hollande revendiquent. Normal là-aussi : c'est une préoccupation des français, il faut donc que les socialistes s'en préoccupent.

Ceci dit, je ne pense pas non plus que le PS puisse en rester à ces thèmes, aussi essentiels soient-ils. Sur quoi nous attend notre électorat ? Sur nos propositions sociales, qui sont quand même la raison d'être et la finalité de la gauche. Pour le moment, je n'en vois pas trop, du moins qui soient lisibles et parlantes pour l'opinion, ni chez Martine, ni chez François. Cela viendra sûrement, je n'en doute pas. Car la mobilisation des nôtres ne pourra se faire qu'autour d'un projet social.

Le problème est plus sociologique que politique. Aubry et Hollande ont choisi de s'adresser aux classes moyennes, qui tiennent à leur protection sociale, qui veulent maintenir leur pouvoir d'achat, qui ont des économies, parfois des placements à préserver, qui ne renoncent pas à leur train de vie (consommation, propriété, vacances, promotion sociale de leurs enfants, confort environnemental). C'est légitime, le PS doit prendre ces revendications en compte. Mais il ne saurait s'en contenter, ni les privilégier.

L'enjeu électoral fondamental est ailleurs, du côté des classes populaires, avec d'autres préoccupations : le chômage, la précarité, les bas salaires. Il faut que nos camarades Aubry et Hollande parlent aux ouvriers, aux employés et aux exclus, pas seulement aux fonctionnaires, cadres et professions libérales.

C'est pourquoi nous ne devons pas sous-estimer les candidatures d'Arnaud Montebourg et Ségolène Royal, qui ne gagneront certainement pas mais feront des scores plus importants qu'on ne le croit, et joueront les arbitres, les faiseurs de roi au second tour. Je ne soutiendrai aucun des deux, puisque mon choix s'est porté sur Hollande, dès l'échec de DSK ; mais je suis bien forcé de reconnaître qu'Arnaud et Ségo s'adressent, chacun à sa façon, aux classes populaires.

Montebourg a décidé d'occuper un créneau non négligeable au PS, lié à son histoire et toujours présent, actif et influent : son aile gauche, qui ne s'est jamais vraiment remise du départ de Jean-Luc Mélenchon, son tribun, son mentor. Avec Arnaud Montebourg, elle retrouve incontestablement une jeunesse et surtout une assise intellectuelle, en ne se bornant plus à répéter les slogans d'il y a trente ou quarante ans.

En effet, Montebourg s'est rapproché d'intellectuels en vue, a puisé aux travaux d'économistes parmi les meilleurs, a su imposer dans le débat le concept de "démondialisation", comme il l'avait fait, à l'époque du NPS, avec le concept de "sixième République". Or, la critique de la mondialisation court fréquemment dans les classes populaires, alors que les classes moyennes, pour des raisons culturelles, s'en accommodent plus facilement.

Ségolène Royal, comme en 2007, est la candidate de la souffrance sociale, pleine d'empathie, avec une tonalités radicale, incarnant un maternalisme assez étonnant mais efficace. Les classes populaires, en quête de protection, sont sensibles à cette ligne originale, qui n'est pas plus à mon goût que celle d'Arnaud, mais qui parle au coeur, qui fait vibrer, qui mobilise. C'est à méditer, si nous ne voulons pas que notre électorat populaire ne se tourne vers l'extrême droite ou à nouveau vers Sarkozy. Attention, camarades ...

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