mercredi 31 août 2011

Mauvais genre.



Ce matin, en me levant, j'ai regardé mon sexe. Pas par narcissisme, car dans ce cas, c'est le nombril qui est visé. Non, je voulais m'assurer qu'il était bien à sa place, que je n'en avais pas changé pendant la nuit. Cette entrée en matière étant un peu abrupte, je m'explique : hier soir, en me couchant, j'ai entendu à la radio que des députés UMP étaient furax à cause d'une "théorie des genres" enseignée désormais dans nos écoles à la rentrée.

Si j'ai bien compris ce que nos parlementaires ont peut-être pas très bien compris, c'est que le sexe n'avait plus aucune importance pour la condition humaine, que le "genre", masculin ou féminin, était déterminé par notre environnement. D'où ma petite vérification matutinale. Je vous rassure : rien n'a changé, je ne suis pas Emmanuelle.

Mais que faut-il penser de cette "théorie" qui fait polémique, qui a un petit goût de scandale la veille de la rentrée des enseignants et, lundi prochain, des élèves ? J'ai des amis homosexuels, et même quelques bisexuels parmi mes connaissances. En cherchant bien, je devrais sans doute trouver des trisexuels. Pourquoi eux sont-ils ainsi, et moi banalement, pauvrement hétérosexuel ? Je ne sais pas, je n'ai aucune explication à proposer.

A vrai dire, je m'en moque totalement, ça ne m'intéresse pas. L'évidence me fait constater que l'espèce humaine est composée d'hommes et de femmes. J'en reste là, je ne vais pas plus loin. Mais si la "théorie des genres" signifie que les rôles masculins et féminins sont largement construits par la société, c'est une autre évidence, bien connue depuis fort longtemps. "On ne naît pas femme, on le devient", c'est la théorie cette fois de Simone de Beauvoir, dans son ouvrage "Le deuxième sexe", paru après la Seconde guerre mondiale. Les députés UMP tardent un peu dans leur indignation !

Un autre UMP, mais ministre de l'Education nationale, annonce que la morale sera désormais enseignée à l'école. Depuis que je suis enseignant, et même peut-être élève, j'entends dire ça. Comme si la morale était absente de nos classes ! Mais arriver à l'heure, respecter ses camarades, obéir au professeur, prendre soin de son matériel, faire le travail demandé, suivre le règlement scolaire, c'est de la morale, et de la meilleure qui soit : la morale mise en pratique. Car écrire une belle formule au tableau ou raconter une histoire édifiante, ça ne vaut pas tripette, les élèves vous rient au nez ou sous cape.

La vraie nouveauté qui s'annonce en cette rentrée, ce n'est pas la "théorie des genres" ou l'introduction de la morale, mais l'apprentissage du permis de conduire au lycée. Ce que j'en pense ? Que dans la même veine, nos lycéens pourraient apprendre à faire la cuisine, à s'initier au bricolage, à pratiquer quelques indispensables loisirs, et sûrement plein d'autres choses socialement fort utiles. Et les maths, l'histoire, la philo et quelques disciplines ? Pourquoi pas les reléguer après les cours, prises en charge par le secteur privé, par exemple. Mais je crains que tout ça ne fasse mauvais genre.

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