samedi 27 août 2011

Les dessous de La Rochelle.



Pendant dix ans, j'ai fréquenté l'université d'été du PS à La Rochelle. Pour rien au monde, je n'aurais raté cet événement de fin de vacances, j'aurais tué père et mère pour en être. J'y suis même un jour allé en stop, dans les débuts ! Installé à Saint-Quentin, devenu secrétaire de section, je rentrais de La Rochelle avec une photo pour la presse locale, ce qui énervait certains camarades qui s'énervent pour un rien. Et puis, j'ai renoncé à ce rituel, je ne suis plus allé à La Rochelle. Ce n'est plus de mon âge (politique), je suis trop vieux dans le parti pour faire le voyage.

Pourtant, que de beaux souvenirs ! A La Rochelle, nous sommes tous jeunes, bronzés, intelligents et socialistes ... et surtout très, très nombreux. L'air vif de l'océan fait du bien, nous change des réunions miteuses à quelques-uns. La Rochelle, c'est le PS tel qu'il se rêve. Les grands y croisent les petits, échangent parfois entre eux. C'est notre festival de Cannes, avec montée des marches pour les stars (l'arrivée des leaders nationaux au milieu d'un essaim de journalistes et de caméras) et déshabillage des starlettes sur la plage (là, il ne s'agit que des confidences à la presse, sur le Vieux Port, des seconds couteaux).

Alors, La Rochelle n'est plus La Rochelle, mais une ville repeinte en rose : dans les rues, à la terrasse des cafés, partout des socialistes rencontrent d'autres socialistes, connus ou anonymes, et se racontent des histoires de socialistes. On dirait presque un parc d'attraction, Socialism Land, particulièrement en soirée. Pour les uns, c'est l'occasion de tester leur popularité ; pour les autres, d'exercer leur curiosité et leur admiration ; pour tout le monde, de boire, manger et rigoler.

Le vendredi soir ont lieu les traditionnelles réunions de courant, dispersées dans la ville, où chacun se rend avec une mine de faux comploteur, surtout intéressé par ce qui se dira chez les camarades concurrents, ce dont nous sommes avertis par SMS durant le dîner. Les salles sont d'autant plus petites que les partisans sont nombreux : il fait chaud, on crie beaucoup, on s'excite, c'est bon. On en sort gonflés à bloc, forts comme des lions, on se calme un peu en rentrant à son hôtel, dans la nuit douce et les odeurs du grand large.

Le lendemain, la journée du samedi, l'ambiance est complètement différente, la passion est momentanément retombée : place à l'activité studieuse et parfois austère des tables rondes et débats. A midi, les fédérations se retrouvent pour le déjeuner, toutes tendances confondues, et se réconcilient des excès de la veille. Le soir, c'est le grand dîner festif, où l'on chante et où l'on danse. Les présidentiables font le tour des tables, saluent, causent et sourient, se font volontiers prendre en photo, les militants jouant alors aux touristes.

De ces mémorables soirées de fraternité, il me reste quelques anecdotes personnelles non moins mémorables : par exemple d'avoir par mégarde déversé un verre de rouge sur la chemise blanche immaculée d'Arnaud Montebourg, qui ne m'en a pas voulu, en grand professionnel de la politique ; ou bien de m'être un peu accroché avec Jack Lang, trop condescendant à mon goût ; ou encore de ce slow avec Ségolène (Royal), dont elle ne se souvient sans doute pas, même si nous étions loin du couple Guy Bedos et Sophie Daumier.

Le dimanche, en fin de matinée, à l'heure où les catholiques vont à la messe, les laïques vont à la leur, et au bout du compte nous nous ressemblons : chez nous aussi, il y a un grand prêtre (le premier secrétaire), un sermon, des chants, des fidèles et beaucoup de foi. Il ne manque que l'eucharistie. La Rochelle, on y va, on y retourne et puis on finit par en revenir. Pour les jeunes, les nouveaux et les ambitieux, c'est très bien. Pour les autres, il reste internet et nos souvenirs.

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