dimanche 25 mai 2014

Les responsabilités du PS



Le 21 avril 2002 était un drame ; le 25 mai 2014 est une tragédie. Un parti xénophobe, nationaliste et anti-républicain devient, le temps d'un scrutin, la première force politique en France. Par principe et par méthode, chacun doit assumer ses propres responsabilités devant cet échec de la démocratie, de la France et de l'Europe. En tant que socialiste, je vois trois responsabilités imputables à mon parti :

1- N'avoir pas été assez fortement pro-européen, fédéraliste, idéaliste. On ne mobilise pas dans la prudence, l'hésitation, la critique. Nous n'avons pas assez défendu les institutions européennes, violemment attaquées, objet de mensonges éhontés ; nous avons manqué d'énergie, de pédagogie et d'optimisme. C'est au PS, avant même l'UMP, qu'il revient historiquement de porter très haut le projet européen. Nous ne l'avons pas suffisamment fait, nous avons reculé devant l'europhobie ambiante, nous avons concédé aux eurosceptiques, qui ne sont que des anti-européens.

2- N'avoir pas assez dénoncé le Front national, l'avoir laissé s'installer dans la vie publique et la République, au prétexte de sa légalité et de sa popularité. Nous avons renoncé à ce combat républicain dans les mots eux-mêmes : au lieu de qualifier le FN pour ce qu'il est, un parti fasciste, nous avons laissé croire qu'il était populiste (que la plupart des gens entendent comme : du côté du peuple !), qu'il était l'expression d'une protestation sociale, alors que l'extrême droite n'est que le rebut de ce qu'on fait de pire en politique, le racisme et l'autoritarisme. A défaut d'énoncer ces évidences, on a contribué à dédiaboliser le FN, on a donné à l'extrême droite une crédibilité qu'elle avait à juste titre perdue depuis la Libération. Seuls Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche, dont je ne partage pourtant pas les idées, ont eu l'honneur de mener ce combat-là, que le PS aurait dû assumer.

3- La grave défaite de ce soir, c'est aussi le problème du parti et de l'appareil. Cette fois, je réagis en Saint-Quentinois : une section sans activités, des réunions sans public, une organisation sans adhérents, ce n'est plus possible. Je déplore depuis plusieurs années cette situation, en faisant des propositions. Après les dernières élections municipales, déjà catastrophiques, le parti n'a rien changé du tout, a gardé les mêmes, a fait le mort. A force, il le sera un jour définitivement.

Je veux rester optimiste, malgré tout (avons-nous d'autres choix ?) : si nous redevenons pro-européens fervents, si nous condamnons avec vérité et virulence l'extrême droite, si nous unissons les deux sections saint-quentinoises (et pourquoi pas aussi celle de Gauchy), si nous nous donnons un nouveau leader pour soutenir les élus d'opposition, développer le parti et reconstruire la gauche, alors l'avenir nous sourira un peu plus. Sinon, ce sera pour longtemps, à chaque élection, la soupe à la grimace.

3 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

On peut penser que Zemmour est un sale con, mais sa vision politique est assez fine. L'Europe de Bruxelles a privé les peuples de leur souveraineté. C'était le projet de Jean Monnet, pour ne plus qu'un épisode comme le nazisme ne se reproduise. Cependant on voit où cela nous mène. Autre question pourquoi tout semble marcher en Allemagne, croissance, chômage faible, et en France c'est la cata... ?
Je fais partie des "sales cons" d'abstentionnistes. Voter pour n'importe quel partie autre que le FN, c'est voter pour Bruxelles, et voter pour le FN, c'est voter fasciste. La seule alternative à Bruxelles semble être le fascisme. Je ne peux ni voter pour Bruxelles ni pour le fascisme, donc je m'abstiens. Si Hollande obtient de Bruxelles de faire une politique de la redistribution sociale pour favoriser la demande, alors je revoterai socialiste ; mais tant que les socialiste feront une politique économique libérale, je ne voterai plus.
j'ai failli pour ma part voté Dupont-Aignan, car je suis catholique et gaulliste, mais le personnage manque trop de charisme, et est susceptible de faire alliance avec le FN

Anonyme a dit…

je pense vraiment tout le contraire de ce que vous dites:

1)Parler de fédéralisme aujourd'hui, alors que l'Europe actuelle ne marche pas, c'est éloigner les gens de L'Europe.

2)Traiter le FN de fasciste c'est contre-productif. D'ailleurs vous le reconnaissez vous-même indirectement en saluant le combat de J.L. melenchon.....dont on ne peut pas dire qu'il ait gagné.

3)St-Quentin n'est pas la France?
A vous lire on serait un cas isolé alors que le mouvement est national et européen.

En gros, malheureusement, aucune de vos explications n'est convaincante.

Emmanuel Mousset a dit…

1- L'Europe marche, mais les europhiles ne le disent pas assez.

2- Ce qui est contre-productif, c'est de dédiaboliser le FN, comme on l'a vu aux résultats d'hier.

3- St-Quentin n'est pas isolé, mais l'incurie de la gauche locale aggrave la situation.