jeudi 8 mai 2014

Une cérémonie bon enfant



La cérémonie patriotique du 8 mai sans les enfants des écoles aurait un tout autre visage. D'abord, leur nombre rallonge considérablement le cortège. Ensuite, les enfants apportent de la couleur dans une masse plutôt grise, du mouvement dans une marche un peu mécanique, des petits cris de moineaux au milieu d'un grave murmure ou du solennel silence. Ils chipent même la première place aux élus, passant devant eux (vignette 3). Les enfants ont cet enthousiasme que les adultes ont souvent perdu ou diminué, usés qu'ils sont par les obligations et la routine. Par exemple, certains élus prennent la cérémonie en cours de route, pressés et essoufflés, se faisant discrets, ce qui est la meilleure façon de se faire remarquer. Ils oublient qu'une commémoration, c'est comme la messe et l'opéra : on vient ou pas, mais on n'arrive pas en retard.

Les enfants font tout spontanément ; ils reprennent de bon coeur la Marseillaise, sous la direction sévère et bienveillante de Francis Crépin (vignette 1). Ils introduisent un joyeux désordre dans une foule mine de rien très ordonnée, où chacun est à sa place : en tête, après la musique et les écoles, le gros bataillon des élus de la majorité municipale, derrière Xavier Bertrand et Jérôme Lavrilleux. Anne Ferreira, un peu perdue, est la seule touche de gauche. Les quelques élus d'opposition sont noyés dans la suite du cortège. Les jeunes de l'EPIDE, rassemblés en un carré parfait, attendent au monument aux morts. Les enfants ne le savent pas encore, mais l'apprendront très vite : le monde des adultes est cruel, surtout à l'égard des perdants. Il n'y a que le monde des enfants qui soit bon enfant.

A chaque étape de la cérémonie, les enfants sont sollicités pour accompagner les officiels lors des dépôts de gerbes, devant le monument de la Résistance, boulevard Gambetta (vignette 2), ou place de la Gare (vignette 4). Le représentant de l'UFAC laisse la parole à une jeune fille de l'EPIDE, pour l'allocution traditionnelle. Tout à la fin, Xavier Bertrand s'offre un petit bain de foule dans ce public d'enfants, accompagné par le sous-préfet et les autorités militaires. Les enfants ne sont pas seulement bon enfant : ils sont aussi bon public, comme on en rêve en politique. Ils se précipitent tout contents vers le maire pour le saluer, le toucher, lui parler. L'un d'entre eux coure comme un fou en s'écriant de bonheur : "J'ai serré la main d'un colonel ! J'ai serré la main d'un colonel !" Les enfants sont merveilleux. J'aimerais redevenir un enfant, m'amuser de tout, m'enthousiasmer pour tout : je me demande si je ne suis pas dans la bonne voie ...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous n'avez pas remarqué une absence qui nous peine et qui vous touche en tant que collègue ( ancien ) du LHM ...

Emmanuel Mousset a dit…

L'absence du colonel Dutel, qui participait il n'y a pas si longtemps à la journée de la déportation.