jeudi 8 mai 2014

Yves Boisset le prophète



Le réalisateur Yves Boisset est pour quelques jours à Saint-Quentin. Un hommage lui a été rendu cet après-midi, avec la projection de deux de ses films les plus célèbres, La femme flic et Le prix du danger. Boisset, c'est un cinéma à la fois populaire, avec de grandes vedettes, et très engagé, politique, contestataire. Bref, des films grand public de qualité : une association pas si fréquente ... Le théâtre Jean-Vilar, qui l'a reçu, n'a pas l'habitude de se transformer en salle de cinéma ! La manifestation était à l'initiative du Kiwanis, dans le cadre du festival Saint-Quentin en scène.

Les deux films choisis, de l'aveu même d'Yves Boisset, sont prophétiques. Ils ont été tournés il y a 30 ans, mais ils annoncent notre époque. La femme flic, interprétée par Miou-Miou, aujourd'hui ne surprend plus : dans les années 80, une inspectrice de police, c'était rare et pas toujours bien perçu. Le mot n'était pas prononcé, il est maintenant devenu hélas fréquent : pédophilie. Avant, on employait des termes rarement utilisés aujourd'hui : ballets bleus ou ballets roses. Intéressant, l'évolution du vocabulaire, l'émergence de certains mots, la disparition d'autres. Le film évoque ce qu'on appelait alors la prostitution enfantine, dans une ville du nord, impliquant des notables. On pense irrésistiblement à l'affaire Dutroux.

Même caractère prophétique dans Le prix du danger, avec Gérard Lanvin et Michel Piccoli : dans un futur proche, une chaîne de télévision diffuse en continu, seulement interrompue par des spots publicitaires, une émission-jeu où un candidat est pourchassé par d'autres candidats, dont l'objectif est de le mettre à mort. S'il s'en sort, il gagne une somme immense. Mais tout est fait pour qu'il échoue. C'est de la télé-réalité 20 ans avant que le concept ne s'impose à la télévision ! Koh-Lanta n'est pas très loin de ça, de même que les chaînes d'information continue, qui font de l'actualité un spectacle permanent, toutes choses inconnues et inimaginables il y a 30 ans, sinon par le biais de la science-fiction. Et pourtant nous y sommes, et le pire est peut-être à venir !

Entre les deux projections, Yves Boisset s'est entretenu avec les spectateurs et s'est aimablement plié à l'exercice des autographes (en vignette). Dimanche matin, il recevra, en mairie de Saint-Quentin, la médaille d'honneur de la Ville.

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