mardi 6 mai 2014

2 ans de bon



Deux ans de présidence Hollande, et je suis content, satisfait. Je n'ai pas de mérite, je suis socialiste. Un socialiste qui critiquerait le gouvernement serait inconséquent, hypocrite ou imposteur. Ma satisfaction n'est pas niaise ou béate, elle repose sur de solides preuves. J'en cite quelques-unes, spontanément : la création des emplois d'avenir et des contrats de génération, la retraite à 60 ans pour ceux qui ont travaillé très jeune, la taxation des bonus bancaires, la réforme des rythmes scolaires, le mariage pour tous, la loi contre le cumul des mandats, ... Je pourrais continuer longtemps la liste, tant le bilan est riche et positif.

Est-ce que ma vie a changé grâce à François Hollande ? Non, pas du tout ! Je continue à me lever le matin pour aller bosser, mes loisirs sont identiques, je paie même un peu plus d'impôts. Et alors ? La politique n'est pas faite pour changer ma petite vie, ni la vôtre, amis lecteurs ; elle est faite pour changer la France, transformer la société, préparer l'avenir. Croyez-vous que Jules César, Louis XIV, Napoléon Bonaparte ou Charles de Gaulle cherchaient à changer la vie des gens ? Non, ils avaient beaucoup mieux à faire : construire un empire, renforcer l'autorité de l'Etat, donner des lois à la nation, assurer l'indépendance du pays. Voilà ce qu'est la politique. On aime ou on n'aime pas (moi, j'aime). Mais qu'on ait au moins la délicatesse de ne pas en dégoûter les autres par des réactions inconsidérées.

Si je veux changer ma vie, je prends une maîtresse, j'entre au monastère, je change de boulot, je pars à l'aventure, mais je ne m'adresse pas à la politique. Personnellement, je n'ai jamais attendu ou voulu que la politique change ma vie. Sinon, on est forcément déçu, à demander l'impossible ! C'est ce qui explique en grande partie l'impopularité de François Hollande : cette mutation culturelle qui fait que les citoyens ne pensent plus à la République, à la France ou au sort de l'humanité mais à eux-mêmes. Encore une fois, la préoccupation de soi est un ressort humain naturel et légitime. Mais qu'on n'y mêle pas la politique ! Et puis, n'oublions pas : Staline, Hitler, Mao, Pol Pot ont voulu changer la vie des gens. Bonjour le résultat !

L'impopularité de François Hollande a deux autres causes profondes. D'abord, sa politique est en rupture avec le socialisme traditionnel. Elle ne peut que déstabiliser l'électorat de gauche. Demandez à quelqu'un pris au hasard ce qu'est la social-démocratie : il ne saura pas, ce mot ne fait pas partie de notre histoire nationale. Mais ce n'est pas une raison pour y renoncer : ce qui compte, ce n'est pas l'histoire ou la popularité, c'est la vérité et l'intérêt général.

La deuxième raison, c'est que les Français, dans la société contemporaine, ne croient plus en rien : les églises se vident, les partis sont désertés, l'esprit de dérision se généralise (à la télé, on rit tout le temps, et de n'importe quoi). On ne croit plus ni en dieu ni en diable, ni à la droite ni à la gauche, ni en Hollande ni en Sarkozy, ni en la France ni en l'Europe. C'est une sorte de nihilisme tranquille, confortable, narcissique. Hollande en est la victime, comme n'importe qui à sa place en serait la victime. Ce n'est pas politique, c'est anthropologique, comme disent les philosophes (Nietzsche appelait ça le dernier homme, celui qui ne croit plus en rien, n'a plus de valeurs, sinon la santé, l'argent et le divertissement : ce n'est pas avec ça qu'on fait une civilisation !).

Ne nous inquiétons pas trop : l'humanité a connu pire que le petit désenchantement, la déception chronique qui frappent nos concitoyens. Des civilisations disparaissent, d'autres apparaissent. Les idéaux déclinent, puis ils renaissent.

Très bien, très bien, mais François Hollande, au bout de ces deux ans, a-t-il tenu ses engagements ? Pitié, pitié, pas ça, pas la rengaine des imbéciles et des fascistes ! Hollande a tenu ses promesses, comme Sarkozy avait tenu ses promesses (mais ce n'était pas les mêmes !). Je vous ai cité plus haut quelques mesures, il y en a beaucoup d'autres. Ce qui n'a pas été tenu, c'est ce qui ne pouvait pas l'être ; mais il est bien de tenter, d'essayer, de faire ce qu'on peut, même si parfois ça ne réussit pas. Je préfère cette attitude à celle de l'homme politique timoré, peureux, qui n'ose plus rien, n'annonce plus rien de peur d'échouer.

Les grandes orientations d'aujourd'hui, reprises par Manuel Valls, sont celles de la campagne présidentielle : lutte contre les déficits, soutien aux entreprises, recherche de compétitivité, baisse du coût du travail, priorité à l'emploi. Elles donneront tous leurs effets, on ne pourra vraiment les juger qu'à la fin du mandat, au terme du quinquennat. En attendant, bon anniversaire Monsieur le président !

5 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

L'humanité a sans doute connu pire que ce petit désenchantement, mais la France certainement pas, et je ne suis pas sûr qu'elle s'en relève. Personnellement je suis un homme moyen, je suis le dernier homme que décrit Nietzsche replié sur sa famille, son petit confort, sans idéal et sans valeurs et autour de moi je ne vois que des gens comme moi. Alors quand on me parle des surhommes Valls et Hollande, cela me fait doucement rigoler, ils ne sauveront pas la civilisation en France et en Europe. Le destin de l'Europe fut sceller avec la défaite de l'Allemagne, qui marqua le déclin inéxorable de l'Europe. Il est dommage que la grandeur de l'idéal européen fut portée par un personnage aussi malade, pervers et risible que Hitler, mais c'est comme ça. La mort de l'Europe fera le bonheur d'autres civilisation comme la Chine ou l'Inde, là-bas espérons le s'éveilleront des surhommes. Et puis il y a nos héritiers de l'idéal humaniste : Etats-Unis, Canada, Australie : ce sont de jeunes nations qui ont encore beaucoup à vivre. Ici en Europe, je ne vois que des gens très contents d'eux, mais désabusés , cyniques et sans aucun projet pour l'avenir. Des gens qui en plus sont méchants pour la plupart ( méchant voulant dire jouisseurs et pervers et destructeurs de la jeunesse). La pitié et la compassion devraient être les vertus d'une nation en voie de décomposition avancée comme la nôtre. Nous pouvons encore être les Grecs de l'empire romain (Etats-Unis, Canada et Australie). Abandonne tous tes idéaux de grandeur mon garçon, la France n'est plus qu'une vieille pute décrépie.

Erwan Blesbois a dit…

La France est un hôtel comme le dit Houellebecq. L'Europe se heurte aujourd'hui au problème de ses peuples autochtones qui ne sont pas assez progressistes à ses yeux. Les Etats- Unis ont réglé le problème du peuple autochtone en l'exterminant. Mais ce probléme est derrière elle ; ainsi qu'au Canada et en Australie. Ce sont de grands espaces plein d'avenir. Nous pouvons être leurs Grecs, c'est-à-dire leur modèle. Il n'y a plus d'autre destin pour l' Europe. Si d'ailleurs ces jeunes nations ne règlent pas rapidement la question de l'écologie et du dévellopement durable, elles sont foutues à brève échéance. Quant à l'Europe elle doit se vivre comme ancêtre bon et compatissant pour tout ce qui est vivanr.

Erwan Blesbois a dit…

C'est avant 14-18 que la France aurait dû faire le choix de s'allier à l'Allemagne, alors les deux puissances continentales alliées auraient pu construire une grande Europe. Mais non toujours le petit narcissisme des Français : résultat une guerre absurde (14-18), qui aboutit sur un conflit qui va achever l'Europe continentale(39-45). Si la France avait alors un peu rabaissé de sa superbe et reconnu la supériorité de l'Allemagne, si l'Allemagne de son côté avait consenti à faire de la France son alliée privilégiée. Si à ce moment là le couple franco-allemand s'était fait, alors nous aurions eu une Europe formidable, immense. Mais ce n'est pas le cas.

Anonyme a dit…

Pour critiquer le bilan de ses 2 ans vous répondez: attendez et jugez a la fin du mandat les résultats.
Alors moi je vous dis aujourd'hui, attendez la fin du mandat pour applaudir.
les mesures mises en places ne garantissent en rien une baisse significative du chômage, du taux d échec scolaire, du taux de précarité, du nombre de mal logé, des couts de l énergie, du surendettement, de la pollution, ....
Bref votre enthousiasme est effectivement celui d'un militant qui soutien aveuglement son gouvernement.
Quand vous étiez dans l'opposition ce blog était bien plus intéressant, votre critique politique plus pertinente et plus juste.
Vous n analysez plus objectivement l'actualité politique, vous vous censurez.
Personnellement ce n'est pas parce que mon plombier arrive avec une belle boite a outil que je le félicite de son travail, j'attend de voir couler l'eau pour me féliciter d avoir choisi cet artisan.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez raison, je m'emballe trop, il faut savoir attendre : après tout, Hollande n'a pas encore vaincu le froid en hiver, la pluie en Picardie ni la connerie dans la tête de certains. Des résultats ! Des résultats !