jeudi 1 mai 2014

Mai sous Valls



Le 1er mai est à la gauche ce que le 14 juillet est aux républicains, le 8 mai et le 11 novembre aux anciens combattants : un rendez-vous à ne pas manquer. Les socialistes se doivent d'être présents, même si, cette année, c'était un peu particulier, après la défaite de la gauche locale aux élections municipales, avec la nomination de Manuel Valls à Matignon et l'adoption il y a 48 heures du pacte de stabilité. Je suis venu par tradition, mais aussi pour écouter, y compris des choses désagréables à mes oreilles de socialiste, éventuellement pour expliquer.

D'abord, il faut rappeler qu'à gauche, syndicats et partis, c'est comme les Personnes de la Sainte Trinité dans la théologie catholique : à la fois unis et séparés, partageant des valeurs communes mais ayant des intérêt différents. Quand on sait faire la distinction, il n'y a plus de problèmes. Par exemple, je comprends parfaitement que les organisations professionnelles protestent contre le gel du point d'indice des fonctionnaires, contre la stagnation de la politique salariale en général. Mais en tant que socialiste, j'approuve le gouvernement dans ses choix, c'est-à-dire mettre le paquet (à tous les sens du terme !) dans la lutte contre le chômage. Dans les discours de ce matin, il a été question des travailleurs, et c'est normal ; mais très peu de ceux qui sont sans travail.

La dénonciation du pacte de stabilité, des "cadeaux au patronat" ? Bien sûr, dans l'idéal, il serait préférable de laisser le marché se débrouiller tout seul, et les entreprises sans aides de l'Etat (ce qui d'ailleurs serait conforme à la doctrine libérale !). Mais quand on se bat pour l'emploi, il faut bien soutenir ceux qui sont créateurs d'emplois (sauf à mettre en place un système collectiviste : mais qui le propose encore ?). Toutes ces sommes injectées par le gouvernement dans l'économie, ce n'est pas pour faire plaisir aux patrons, au capital, à la grande bourgeoisie ou je ne sais quoi : c'est bien pour réarmer notre industrie, la rendre plus compétitive et, au bout du compte, faire régresser le chômage de masse. Si ça n'est pas être de gauche ! La pire des injustices sociales, c'est de ne pas avoir de travail, et 5 millions de Français sont dans cette situation. Pas besoin d'un dessin ou d'un discours pour comprendre où est l'urgence ...

Dans les interventions syndicales de ce matin, j'en ai donc pris et laissé. Mais l'essentiel, encore une fois, est la présence, l'écoute et le témoignage. Et puis, dans chaque discours, j'ai apprécié de voir dénoncer, c'est bien le moins, l'extrême droite qui se réclame faussement du peuple et s'infiltre parfois jusque dans les organisations de travailleurs. Il y a aussi le plaisir de se retrouver avec des camarades, des amis, qu'on ne rencontre parfois qu'à cette occasion. Chaque année, c'est de tradition, Corinne Bécourt, communiste, me harcèle, en tout bien tout honneur, pour que je prenne sa fleur, que j'achète son muguet (vignette 3, les vendeurs du PCF). "On résiste à tout, sauf à la tentation", disait Oscar Wilde.

Nous étions une bonne centaine sur la place du Marché (vignette 1). Parmi les syndicalistes : Serge Casier (CGT), François Pozzo di Borgo (FO), vignette 2 ; Laurent Pipart (Sud Territoriaux) ; le SNU-IPP. A noter que l'union CGT-FO lors d'un 1er mai n'est pas fréquente. Les syndicats dits réformistes, UNSA et CFDT, n'étaient pas là (ils portent un jugement plus nuancé sur le pacte de stabilité). Parmi les politiques : Olivier et Jean-Luc Tournay (PCF, section de Saint-Quentin) ; Guy Fontaine et Alix Suchecki (PCF, Front de gauche) ; Anne Zanditenas (LO) ; Laurent Elie (MRC).

La manifestation a commencé devant la bourse du travail, désormais vide de la CGT (la nostalgie est toujours ce qu'elle était ...). Elle s'est terminée par le pot de l'amitié dans le hall du palais de Fervaques, mis à disposition par Xavier Bertrand, défenseur du grand capital, pour reprendre la terminologie du jour, mais bon prince quand même. A l'intérieur, la CGT présentait une exposition sur les syndicalistes axonais victimes de la déportation, durant l'Occupation (vignette 4). C'est ça aussi le 1er mai : se souvenir que certains, il n'y a pas si longtemps, ont lutté et ont donné leur vie pour la République, pour que nous puissions vivre, manifester, défiler. C'est une autre raison, peut-être la plus fondamentale, pour ne pas manquer le rendez-vous du 1er mai.

3 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

"Lutter et donner sa vie pour la République" Qui aujourd'hui est prêt à donner sa vie pour un idéal ? Personne et heureusement. On veut bien se sacrifier pour sa famille, ses enfants ou même pour son chien ; mais plus pour un idéal comme la patrie, la révolution ou la république ( qui est chez toi un compromis entre patrie et révolution. Regarde aux Etats-Unis, sans aucun modèle transcendant, dans une ambiance club mèd, (répugnante à un kantien figé dans son stade adulte et autonome, encore un préjugé) Mark Zuckerberg, pour ne citer que lui ( il y a beaucoup d'autres exemples), "pèse" à lui tout seul 30 milliards de dollars : soit presque l'équivalent du pacte de stabilité. Pour une invention, certes utile, mais que même un simple d'esprit aurait pu concevoir dans sa forme, en étant aidé par des mathématiciens sur le fond. Le secret des Américains : ils inventent vite et bien des futilités qu'ils savent rendre indispensables, déposent un brevet, un copyright, établissent un monopole sur le produit, et dégagent des milliards de profit. Le tout sur fond d'ambiance jeune, people, cool, club mèd. En France on ne sait pas faire, sauf précisément le club mèd. : pour combattre la crise il faudra mettre tout le monde en vacances : et dans cette ambiance cool et décontractée ; Les Français feront aussi bien que les Américains.

Anonyme a dit…

Dans le MAG vous essayez de disculper le porteur du chapeau qui dés l' arrivée des drapeaux aurait du quitter son ridicule chapeau , et suivre les salut des militaires pendant la minute de silence et en final pendant l' hymne national !!
Vous aggravez ainsi son cas par un témoignage écrit qui peut le mener à des poursuites pour manquement aux règles de la république ..
En final vous pourriez si de tels faits se généralisent et sont traités avec légèreté par des enseignants encourir des demandes de révocation ..... Que cela soit bien clair ... Si c'est une provocation c'est grave ; une plaisanterie ; c'est de très mauvais gout ; une négation de la république et de ceux qui ont donné en tant que civils et militaires leur vie pour la liberté ; alors c'est vous disqualifier ; et cela est fait ... Vous aurez maintenant aussi bien du mal à critiquer le FN ... Quand on est donneur de leçon , on ne se livre pas à de telles pratiques !!!

Emmanuel Mousset a dit…

Chapeau pour votre niveau de réflexion !