vendredi 16 mai 2014

L'impôt à la baisse



Les mesures fiscales annoncées ce matin par Manuel Valls accélèrent l'aggiornamento entrepris par le parti socialiste depuis la victoire de François Hollande et la nomination du nouveau Premier ministre. 1,8 ménages qui sortiront de l'impôt sur le revenu, 3 millions qui bénéficieront d'une réduction, c'est spectaculaire. Mais rien de très surprenant : le premier à avoir tiré la sonnette d'alarme, c'est Pierre Moscovici, alors ministre de l'Economie, il y a plus d'un an, en parlant de "ras-le-bol fiscal".

Pour la gauche, c'est une révolution dans ses fondamentaux. Pendant longtemps, elle était attachée, avec raison, au rôle redistributeur de l'impôt : on augmentait proportionnellement les impôts pour réduire les inégalités. Peu à peu, l'objectif de réduction des inégalités a été remplacé par celui d'augmentation du pouvoir d'achat. Ségolène Royal, lors de sa campagne présidentielle de 2007, a été la première à en faire un thème de gauche. Aujourd'hui, autour de moi, la préoccupation pour le pouvoir d'achat est devenue quasi naturelle. Et pour dépenser l'argent qu'on a, il ne faut pas que l'Etat vous le prenne !

La réduction des inégalités renvoyait à un projet collectif, qui n'est plus dans l'air du temps. En revanche, la réduction des impôts concerne directement le porte-monnaie, est beaucoup plus en accord avec la mentalité individualiste, qu'on le déplore ou qu'on s'en félicite. De même, y compris dans l'opinion de gauche, j'ai remarqué que le thème de la défense des services publics est moins mobilisateur qu'autrefois. Sans doute parce que le rapport qu'on avait à l'école, à la SNCF ou à l'hôpital a changé. Payer plus d'impôts pour avoir de meilleurs services publics, je ne suis plus sûr que l'idée soit partagée par beaucoup.

Le gouvernement social-démocrate de François Hollande et Manuel Valls s'est donné pour objectif de baisser massivement les déficits. De ce fait, on n'imagine plus guère la gauche se battre pour ce qui a été depuis son origine un thème de prédilection : la politique salariale. Le gel du point d'indice des fonctionnaires le confirme. Quant au "coup de pouce" traditionnel pour le Smic, il est devenu purement symbolique, l'expression le dit bien. A défaut de pouvoir augmenter les salaires, avec des syndicats si faibles qu'ils ne peuvent plus guère imposer leurs revendications aux chefs d'entreprise, le seul instrument de justice sociale c'est l'impôt, mais cette fois-ci à la baisse !

Politiquement, culturellement, le parti socialiste est en train de vivre l'équivalent du congrès de Bad Godesberg pour les sociaux-démocrates allemands à la fin des années 50. Les conséquences en sont encore incalculables. Il y aura forcément des recompositions à l'intérieur du parti, qui ne seront visibles qu'au prochain congrès, étant seulement perceptibles aujourd'hui.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

l'impôt en France doit être considéré dans sa globalité.
l impôt sur le revenu ne touche pas les plus défavorisés ,50 % des foyers en France ne sont pas imposable.
j'attend donc d'un gouvernement de gauche une baisse significatives des taux de tva sur les produits de premières nécessités.
il y a une multitudes d impôts et de taxes qui touchent les foyers pauvres. c est une valeur sociale de la gauche de veiller aux plus démunis.