dimanche 1 janvier 2012

L'homme en noir.

Ce n'était pas, hier soir à 20h00 sur nos écrans de télévision, Thierry Ardisson mais c'était quand même l'homme en noir : Nicolas Sarkozy himself. Veste sombre, très sombre, aussi sombre que l'air et les propos du président de la République, au visage tendu, grave, pour nous parler de la crise. Debout, sourire rare, avec une chemise blanche sans la fantaisie d'aucunes rayures (ce n'est d'ailleurs plus à la mode), tissu immaculé qui renforçait encore plus, qui faisait ressortir jusque dans notre appartement, comme dans un film en 3D, la noirceur du costume.

Mais pas de deuil, pas de désespoir non plus : à sa gauche, les drapeaux nationaux et européens apportaient de la couleur, atténuaient un peu l'atmosphère stricte et austère de l'allocution présidentielle. Nous en avons tout de même connu de plus joyeuses, de plus festives. Le fond vert prairie attendrissait lui aussi la rigueur de l'intervention, introduisant une touche bucolique prompte à apaiser, à dédramatiser. L'homme en noir ne broyait pas que du noir, il donnait à espérer pour ceux qui croient en lui et en sa politique, dont je ne fais pas partie.

Excusez-moi de commencer par étudier l'image, mais les voeux du président sont un exercice tellement obligé, encadré, refait et surfait que le discours importe sans doute moins que l'impact médiatique. Il faut quand même parler du contenu : Nicolas Sarkozy a voulu montrer de lui qu'il était un président social, préoccupé par les souffrances des Français, soucieux de la formation des chômeurs, souhaitant taxer les importations pour consolider la protection sociale (c'est un thème favori de la gauche de la gauche) et même frapper la finance internationale en reprenant une idée chère à l'extrême gauche, la taxe Tobin. J'y vois quoi ? Que le président désormais social s'apprête à affronter le candidat socialiste en lui disputant son territoire.

Le candidat socialiste, mon champion, justement : je pensais aussi hier à lui, devant ma télévision, l'imaginant en surimpression de l'actuel président, me demandant si dans un an exactement, devant le même écran, ce serait lui, François Hollande, à la place de Nicolas Sarkozy, que je verrai apparaître ? Les sondages, même fluctuants, lui donnent toujours une bonne longueur d'avance, à quatre mois du scrutin présidentielle. Mais à vrai dire je ne sais absolument rien du résultat, je ne sens rien se lever autour de moi, ni pour ni contre. Sarkozy irrite, mais Hollande plaît-il ? J'ai payé pour être très prudent dans ce genre de pronostics.

L'évidence, c'est que les électeurs, la société étant ce qu'elle est, se décideront au dernier moment, sur des critères et à partir d'événements que nous ne connaissons pas, qui nous échappent. La mentalité contemporaine vit dans l'urgence, est mobile dans ses choix et d'une mémoire infidèle. J'ai le pressentiment que l'écart entre les deux protagonistes sera très réduit, que rien n'est gagné pour l'homme à la rose et que rien n'est perdu pour l'homme en noir.

Lecteurs et amis,
de gauche et de droite,
d'ailleurs et de nulle part,
bonne année à vous et à vos proches.

Aucun commentaire: