samedi 14 janvier 2012

Rue des Patriotes.

Il y a des semaines qui finissent mal. Hier soir, je vous racontais cet échange aigre-doux avec un camarade, à la suite d'une remarque déplacée de sa part. Ce matin, comme un fait exprès, je me retrouve confronté au même problème, dans un tout autre contexte. En remontant la rue des Patriotes à Saint-Quentin, j'aperçois au loin, vers 11h45, deux personnes qui se déplacent d'une façon caractéristique qui ne trompe pas, que j'identifie immédiatement : ce sont des militants ! Ils ont des papiers, tracts ou prospectus entre les mains, ils discutent avec un inconnu, ça se voit, ça se sent, même de loin. J'ai l'oeil et le pif exercés, je reconnais très vite.

Qui sont-ils ? D'où je suis, à quelques dizaines de mètres, je parierais que ce sont des UMP : jeunes, le look sage, le vêtement classique. A la limite, ce pourrait être des Témoins de Jéhova ou des évangélistes (pas Mormons, je ne vois pas la chemise blanche éclatante et le petit rectangle noir au veston). Je m'approche comme si de rien n'était, et plus je m'approche plus je me dis que ce sont peut-être ... des socialistes du MJS (dont les visages me sont inconnus). Qu'est-ce qui me fait penser ça ? Je ne sais pas, leurs têtes sans doute, cheveux épais, barbes légères, habits simples, allure sympa. C'est très subjectif, évidemment.

J'arrive à leur hauteur, et tout près d'eux je jette un coup d'oeil sur leurs brochures pendant qu'ils continuent à parler au quidam. Alors tout s'écroule, je reçois une grosse baffe (ne venant pas d'eux, puisqu'ils ne me regardent pas passer, mais au fond de moi) : ce sont des mecs du FN, j'identifie très clairement leurs saloperies sur leurs papelards. Il y a quelques jours, leur chef Yannick Lejeune annonçait dans la presse locale la création d'une section du Front national de la Jeunesse. Je n'y croyais pas, je pensais que c'était du flan. En période préélectorale, ce genre d'annonce fait bien. Mais là, ça me fait mal parce que manifestement c'est vrai. Et c'est grave.

La rue saint-quentinoise a longtemps été réservée à la gauche. Le porte à porte, ce n'était pas trop dans la culture de l'extrême droite. D'ailleurs, ses militants étaient largement absents du terrain, y compris au moment des élections. Je crains que nous n'en soyons plus là. Le FN s'installe dans notre ville. Ses victoires, notamment aux dernières cantonales, lui donnent manifestement de l'assurance et des ambitions. C'est logique, ça ne pouvait que finir comme ça. Et encore n'avons-nous peut-être pas tout vu : le pire pourrait bien être à venir, si nous n'y prenons pas garde, si nous ne réagissons pas.

Pas facile : les jeunes que j'ai aperçus ce matin n'ont pas du tout des têtes de facho. Il faudra mener un vrai combat politique pour les chasser des rues et des esprits. Sinon ça va faire mal, très mal. Et quand je pense que j'ai rencontré ces types rue des Patriotes ! Comme si le destin ou le hasard me faisaient un sale clin d'oeil. Patriotes tu parles ! Le FN n'a rien renié de son pétainisme fondamental. Jeunes ou vieux c'est pour moi de la graine de facho, des jeunes pousses qu'il faut éradiquer (pacifiquement et démocratiquement bien sûr, car la violence idéologique est de leur côté, pas du nôtre).

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