mardi 3 janvier 2012

L'emmerdeur.

Comme un fait exprès, le Courrier Picard d'aujourd'hui fait écho à mes trois voeux républicains d'hier, en consacrant sa une et un gros article à René Dosière, "ce député anti-cumul". René ! Ma première rencontre avec lui c'était en avril 1999, dans un café rue de Paris, où les socialistes saint-quentinois avaient à l'époque leurs habitudes. Je n'étais pas encore secrétaire de section, mais directeur de campagne (européenne) d'Anne Ferreira. A ce titre je devais organiser une conférence de presse, en compagnie d'Odette Grzegrzulka, Maurice Vatin et Bernadette Bourdat. Avant que ces éminents camarades n'arrivent, je préparais la salle, déserte, sauf un monsieur sagement attablé dans un coin, que je ne connaissais pas. René ! (je ne savais pas encore que Saint-Quentin et Laon étaient deux mondes en partie étrangers l'un à l'autre).

Dosière ne roule pas des mécaniques bien qu'il ait de larges épaules, il ne joue pas à Monsieur le Député. D'autres auraient déboulés en cours de conférence pour signifier lourdement leur présence ; pas lui. A la limite c'est un timide, pas l'élu caricatural qui tape sur votre épaule avant de passer à une autre épaule ou qui paie sa tournée en guise de programme politique, pour se concilier les picoleurs et les profiteurs. Non, Dosière c'est de l'austère, de prime abord pas très marrant. Mais je préfère ces types-là aux fanfarons de la politique.

Que lui vaut cet article du Courrier ? Les sous, toujours les sous. René Dosière a choisi de travailler un sujet tabou : la politique et l'argent, qui rend d'ordinaire pudiques les plus extravertis. Le député de l'Aisne s'en prend au cumul des mandats et surtout des indemnités, à l'étrange pratique de l'écrêtement, au coût des visites présidentielles. Il a sorti un bouquin, un autre va bientôt paraître.

Mais qui est donc ce diable d'homme (qui va pourtant à la messe) ? Gêneur, enquiquineur, chevalier blanc, poil à gratter, comme le qualifie le journal ? Non, plus et pire que ça : "Il embête tout le monde". Je ne vois qu'un mot qui corresponde à cette définition : un emmerdeur, oui René Dosière est un sacré emmerdeur ! Je connais un synonyme, plus élégant : en République, on appelle ça un parlementaire. Dosière ne fait finalement que son travail, porté à sa plus haute et belle expression : représentant du peuple, élu de la République, parlementaire.

René mange chez Marie-Thérèse, au Rétro, dans le bas de Laon, brasserie popu. Il roule en Nissan Micra et n'aime pas trop les bouffes qui n'en finissent pas, où il faut sortir les gros billets au moment de l'addition (avec justificatif pour le remboursement). Démago ? Radin ? C'est ce que disent ceux qui ne l'aiment pas. Comme je l'aime bien, je parle de rigueur et d'économie. C'est un républicain vertueux, incorruptible, Robespierre moins le fanatisme. Jadis rocardien dans un nid poperéniste, toujours catho au milieu des francs-mac, René Dosière s'apprête à mener une nouvelle bataille législative. Je lui souhaite tous mes voeux de succès.

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