vendredi 6 janvier 2012

En passant par la Lorraine.

Quelle est est la polémique du jour ? Ah oui : Jeanne d'Arc ! Le débat est complètement surréaliste, comme il n'en existe qu'en France. Mais peut-être cela fait t-il le charme de notre cher et vieux pays ? Se disputer l'héritage de la Révolution française passe encore. Mais l'héritage politique de Jeanne d'Arc ! La demoiselle a vécu il y a six siècles (c'est son anniversaire aujourd'hui), dans un contexte historique, politique, idéologique qui ne veut plus rien dire, qui ne nous parle plus. En vérité, évoquer un prétendu héritage politique, soi-disant défendu par les uns ou récupéré par les autres, n'a pas de sens.

Il y a le symbole, me direz-vous. Mais quel symbole ? L'extrême droite s'est toujours réclamée de Jeanne d'Arc, en en faisant la figure de son nationalisme. Eva Joly confirme en fustigeant un "symbole ultranationaliste". Fachos ou écolos, ils ont tout faux : le nationalisme est une invention moderne, qui remonte seulement à la fin du XIXème siècle. Ce n'est pas parce que Jeanne a foutu les Anglais à la porte qu'elle était nationaliste ! Et puis, nous le savons bien, ce que le Front national veut mettre dehors, ce ne sont pas les Anglais ... Drôle d'idée chez ces pétainistes, ces collabos, de défendre un symbole de résistance à l'envahisseur !

Jeanne d'Arc, qui est passée aussi par Saint-Quentin, est en réalité irrécupérable, son symbole est impossible parce que son personnage est contradictoire : une femme qui s'habille en homme, une gentille bergère et une redoutable guerrière, brûlée comme sorcière et vénérée comme sainte, réaliste et mystique, politique et religieuse, venant du peuple et s'adressant au roi, icône de l'école laïque autant qu'image pieuse de catéchisme ... Non, décidément, Jeanne d'Arc est incompréhensible à notre époque où les pucelles se font rares, les bergères sont d'opérette, la foi s'efface et le roi n'est plus. Alors, en passant par la Lorraine, que nos hommes politiques n'oublient pas d'enlever leurs gros sabots.

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