samedi 7 janvier 2012

Vu et entendu à Fervaques.

C'était hier soir le rendez-vous le plus couru de la vie politique saint-quentinoise, les voeux du maire, dans le palais de Fervaques : c'est gratuit, il fait chaud, il y a de la musique, le champagne est frais, le buffet est bon, les femmes sont belles. Je prends soin, en montant les marches, de passer par le tapis bleu au milieu (pourquoi n'est-il pas rouge ?).

Au rez-de-chaussée, l'orchestre est classique, à l'étage c'est jazzy, le BRB, qui ne suscite que quelques maigres applaudissements en attendant le maire ; car tout le monde est là que pour lui. Justement : une dame me dit "Y'a moins de monde que l'an dernier". Je souris : ça fait treize ans que j'assiste à la cérémonie, ça fait treize ans qu'on me dit "Y'a moins de monde que l'an dernier". A ce compte, il ne devrait plus y avoir personne ! La vérité c'est que Fervaques est plein à craquer (et ce n'est pas une image : il y a des gens qui craquent de chaleur, d'impatience ou de promiscuité). 1500 ou 2000 personnes au bas mot.

L'équipe municipale est sur scène, en pleine lumière : c'est son jour de gloire. Les élus sont soigneusement rangés, chacun à leur place. Même Antonio Ribeiro est là : il a perdu sa délégation mais pas la tête. Pierre André est absent mais c'est comme s'il était présent, à attendre les applaudissements à son nom. Les actuels conseillers d'opposition sont les seuls à avoir refusé la lumière.

Le discours de Xavier Bertrand est long, dense, énumératif. Qu'est-ce qu'un spectateur en retient ? Une impression, une image, celle d'un homme actif, énergique, qui mobilise et modernise sa ville. Fait-il bien ou mal ? c'est selon les opinions de chacun, mais il fait, c'est incontestablement ce qui ressort de son intervention. Son objectif : 2020. Pourquoi cette date ? A l'évidence les élections municipales, comme si celles de 2014 étaient pliées. Tiens, moi aussi je le sens bien ce scrutin de 2020 : huit ans, qu'est-ce que c'est en politique ? Rien ...

La plupart des gens ne regardent pas Xavier Bertrand à quelques dizaines de mètres d'eux mais, comme moi, sur l'écran des téléviseurs, ce qui est amusant. Deux femmes blondes l'encadrent, son épouse et la députée ; la tête du sous-préfet apparaît juste derrière, comme si elle avait poussé sur l'épaule du maire. Non loin, le préfet de l'Aisne et le recteur d'académie : c'est à ces présences qu'on mesure l'importance des voeux municipaux.

Une fois le discours terminé, le BRB remet ça, c'est la traditionnelle ruée vers les coupes et les petits fours, à laquelle je m'abstiens de participer, par décence. Mais je fais le tour : les voeux c'est sacré et l'occasion économise l'envoi d'une carte. On me parle de quoi ? De mon livre (que du bien, sans forfanterie) et de mon blog, assez peu de mes animations philosophiques et rien du tout sur mes activités à la tête de la FOL : il est curieux de voir comment une image publique s'installe, excluant ce qui me tient pourtant à coeur et qui emploie pas mal de mon temps et de mes efforts.

La salle du bas serait-elle occupée plutôt par l'opposition (comme il y a une France d'en bas !) ? De fait j'y croise plus de personnes de gauche qu'en haut, dont Corinne Bécourt et Olivier Tournay. Stéphane Monnoyer, qui n'est pas de gauche mais opposant quand même, est interviewé au pied de l'escalier par Jérôme Poinsu, de L'Aisne Nouvelle : verre de champagne à la main, il pose sérieusement en leader d'opposition, lui qui n'est ni élu ni même représentant local du MoDem.

Je sors de Fervaques par le même tapis bleu qui m'a fait entrer. En bas, je croise le sous-préfet, qui me demande si l'ego n'est pas flatté quand on devient auteur à succès, à quoi je réponds que non, me disant intérieurement que mon ego aurait été satisfait par autre chose, tentée mais ratée. Prochaine cérémonie des voeux : ceux d'Anne Ferreira ?

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