samedi 21 janvier 2012

L'anti-système.

On parle beaucoup en ce moment, à trois mois de l'élection présidentielle, des candidats "anti-système" : Marine Le Pen, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon. L'anti-système, ce serait l'idéologie à la mode, les partis qui ont électoralement le vent en poupe. Mais qu'est-ce que ce système auquel ils s'opposent ? Pour Le Pen c'est la République, pour Bayrou c'est le bipartisme, pour Mélenchon c'est le marché. Ce n'est donc pas, pour chacun, le même système.

En vérité, la notion de système ne veut pas dire politiquement grand-chose, me semble d'un usage fantasmatique et donc dangereux. Je connais le système nerveux, le système scolaire ou le système métrique mais LE système en général ça n'a pas de sens. N'étant hostile ni à la République, ni au bipartisme, ni au marché, je ne me reconnais donc pas dans leurs contempteurs.

Je ne vois qu'une seule pertinence à l'expression anti-système : c'est au sein du courant révolutionnaire, à l'extrême gauche, qui non seulement dénonce la société (le système) mais veut changer radicalement de société. C'est l'objectif du NPA, de LO et du POI mais pas de Marine Le Pen, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon. Or l'extrême gauche ne décolle pas dans les sondages alors que la crise financière pourrait la favoriser. Mon explication : la gauche protestataire, radicale prospère quand la social-démocratie est au pouvoir, en opposition à celle-ci (d'où les forts scores de l'extrême gauche en 2002).

Paradoxalement, les trois candidats anti-système sont plus des produits du système que des adversaires : Le Pen est une créature du système médiatique, Bayrou a longtemps été une personnalité du système politique de droite et Mélenchon du système politique de gauche (tous les deux ont été ministres et l'autre est députée européenne). Pourquoi les électeurs se laissent-ils tenter par des candidatures aussi ambiguës (surtout Le Pen et Bayrou) ? Ce n'est pas tant un vote anti-système qu'un vote anti. Anti quoi ? Anti n'importe quoi, anti tout : un désir de changer pour changer, sans espoir particulier. C'est évidemment inquiétant. Le changement n'a pas de sens en soi mais en vue d'un projet.

L'anti-système est en réalité un terme polémique, comme dans les années 30 Charles Maurras parlait de l'anti-France, en désignant ainsi les protestants, juifs, maçons et communistes. La formule était alors dépréciative, très négative, injurieuse même alors que l'anti-système passe pour valorisant, assumé, proclamé. Dans les deux cas, ce ne sont pas des expressions pertinentes et objectives.

Je ne veux pas terminer ce billet en laissant croire que je confondrais les trois candidats anti-système. L'un, Le Pen, n'est pas républicain alors que Bayrou et Mélenchon le sont. Mais celui-ci est de gauche et celui-là centriste : c'est pourquoi je souhaite personnellement à Jean-Luc Mélenchon le plus fort score possible, à François Bayrou le plus faible score possible et à Marine Le Pen de ne pas obtenir ses 500 signatures afin qu'elle soit évincée de la compétition présidentielle. Elle est contre le système ? Qu'elle en soit donc exclue !

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