lundi 31 mars 2014

Valls en Premier



Nous apprenons à l'instant la nomination de Manuel Valls au poste de Premier ministre. Je suis bien sûr très satisfait, puisqu'il appartient, au sein du parti socialiste, à ce qu'on appelle un peu abusivement l'aile droite, en réalité la social-démocratie, dans laquelle je me reconnais pleinement. Mais l'essentiel est ailleurs : il fallait à Matignon quelqu'un qui incarne parfaitement la politique du gouvernement et qui applique dans toute sa rigueur le pacte de responsabilité, qui en est le socle. Valls le fera avec la clarté, la pédagogie et l'autorité qui le caractérisent.

Et puis, il fallait répondre aux Français, qui ont massivement voté à droite aux élections municipales (quand ce n'est pas à l'extrême droite) : ils demandent moins d'impôts et plus de sécurité, voilà le message qui a été lancé au gouvernement et au parti socialiste. Bien sûr, la gauche doit garder ses valeurs, poursuivre dans les orientations qui sont les siennes. Mais il aurait été fou de ne pas écouter les voix qui sortent des urnes. Il aurait été encore plus fou de s'écouter soi-même en faisant une politique "plus à gauche" : c'est satisfaisant pour l'ego, on se donne ainsi bonne conscience, mais on s'enferme, on devient autiste, on ne parle plus qu'à son parti et on ignore les besoins des Français.

La nomination de Manuel Valls posera-t-elle des problèmes internes ? Aucun ! Je suis persuadé que ses plus violents détracteurs parmi mes camarades deviendront ses plus chauds partisans (parce qu'ils devront en faire plus que d'autres pour prouver leur loyauté). La nature humaine est ainsi : la loi du pouvoir est la plus forte. Les anti-Valls s'adapteront, car c'est l'autre grande loi de la nature humaine (et animale) : l'adaptation. Il n'y a que quelques rares spécimens qui sont des esprits rebelles. En politique, on suit le plus fort, le premier, la tête, le chef. Je ne sais pas s'il faut le déplorer, je ne suis pas un moraliste, mais on est bien obligé de le constater. C'est comme ça depuis toujours.

Mais pour être suivi, il ne faut pas être soi-même suiveur : Manuel Valls ne l'a jamais été, puisqu'il s'est installé, au sein du parti, dans une position, des convictions qu'on peut qualifier, pour aller vite, de sociales-libérales, ultra-minoritaires, à faire hurler le soir dans les réunions de section ! Son courant était quasiment inexistant (qui a dit que la logique des courants était l'alpha et l'oméga au parti socialiste ?). A la primaire citoyenne de 2011, chargée de désigner le candidat à l'élection présidentielle, Valls n'avait obtenu que 5%. Qui a dit que la politique résultait d'un rapport de force ? Si c'était le cas, Manuel Valls n'aurait même pas été nommé sous-secrétaire d'Etat, à peine premier secrétaire fédéral du parti dans son département !

Non, il se retrouve ce soir à Matignon parce qu'il a vu juste avant beaucoup d'autres, parce qu'il est animé par une implacable volonté alors que tant de politiques sont velléitaires, parce qu'il sait communiquer alors que tant de socialistes ne savent même pas rédiger un communiqué de presse, parce qu'il a su se rendre indispensable auprès de François Hollande, parce qu'il est professionnel et populaire. Ca fait beaucoup pour un seul homme, et assez pour être nommé Premier ministre. Je veux terminer en rendant hommage à Jean-Marc Ayrault, qui a été un bon Premier ministre, dans son style à lui, très différent de Manuel Valls : sa grande qualité aura été sa fidélité au président de la République, une vertu suffisamment rare en politique pour qu'elle soit soulignée et appréciée. Mais les socialistes avaient besoin d'un cogneur à la tête du gouvernement ; ce soir, ils l'ont. Et ça non plus, ça n'est pas pour me déplaire.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis attérré par votre analyse politique. Tout va bien, vous aimez tout le monde, Ayrault Valls, Royal, Peillon, tout le monde est formidable. Si c'est là ce que vous avez compris de la dernière défaite électorale, c'est à pleurer.

Emmanuel Mousset a dit…

Il est normal qu'un socialiste aime d'autres socialistes. Quant à vous, je ne comprends pas pourquoi vous pleurez ?

Anonyme a dit…

le vocabulaire a effectivement une grande importance et il me semble que celui du ps a changé au point qu'on ne distingue plus un discours d un élu udi ou modem de celui d'un élu ps.
Il ne faut pas ensuite s'étonner que le citoyen vote indifféremment à droite ou à gauche suivant son humeur.