vendredi 21 mars 2014

Pourquoi voter Garand



Dimanche, je vais voter Michel Garand, comme en 2008 j'ai voté Jean-Pierre Lançon et en 2001 Odette Grzegrzulka. C'est sans surprise et sans mérite, puisque je suis socialiste : question de conviction et de cohérence, tout simplement. Je n'ai de leçons ni de consignes à donner : chacun vote selon ses idées, sa sensibilité, ses fidélités. Voter Xavier Bertrand est parfaitement honorable, justifié et cohérent ; mais ce n'est pas mon choix.

Cependant, chaque vote a ses spécificités. Si je vote Michel Garand, ce n'est pas uniquement parce que je suis, comme lui, socialiste : c'est qu'il y a des raisons particulières, conjoncturelles, qui n'étaient pas les mêmes dans mes votes précédents, et dont je voudrais aujourd'hui vous entretenir. A vous ensuite d'y réfléchir, d'être d'accord ou pas. Trois motifs fondamentaux m'amènent à voter Garand :

1- L'unité. Il n'y a pas de bonne politique dans la division. Pour réussir, il faut rassembler. C'est ce à quoi Michel Garand est parvenu. Quand on prétend rassembler les Saint-Quentinois (il le faut pour gagner, c'est-à-dire devenir majoritaire), il convient au préalable de rassembler les socialistes : avant de vouloir mobiliser les autres, il faut commencer par mobiliser les siens. Michel Garand a réussi ce tour de force. Je dis bien "tour de force", tant les socialistes saint-quentinois étaient divisés, déchirés depuis plusieurs années, au point de se séparer en deux sections différentes ! De ce point de vue, Garand a fait ses preuves. Ce n'est pas anodin ou purement interne : jamais les Saint-Quentinois ne confieraient les clés de la Municipalité à une équipe divisée. Car qui se divisent en section se divisent ensuite en mairie, et là, c'est autrement plus grave, plus irresponsable.

2- La clarification. Après plusieurs années d'errance idéologique et de compromission avec l'extrême gauche, Michel Garand a rétabli une ligne purement socialiste, social-démocrate, réformiste : il a rompu avec l'esprit contestataire, son programme s'en ressent. Les principales revendications de l'opposition municipale n'ont pas été reprises par lui (c'est le candidat communiste Olivier Tournay qui en assume et prolonge l'orientation) : qu'il s'agisse de la condamnation de la vidéo-surveillance, de la municipalisation des cantines scolaires, de la critique des emplois aidés ou de la réduction du prix de l'eau, aucun de ces thèmes, radicaux et démagogiques, n'a été mis en avant par Michel Garand. Ses propositions sont raisonnables, réalisables, crédibles. C'est aussi ce qui motive mon vote.

Clarification également dans son soutien sans faille à la politique du gouvernement : là encore, ce n'est pas dans l'ambiguïté qu'on peut l'emporter. Quand on choisit d'être socialiste, on choisit de défendre le bilan du gouvernement : c'est un principe de fidélité et d'honnêteté. On ne peut pas être dedans et dehors à la fois. Michel Garand est intellectuellement dans la fidélité et la cohérence. C'est une qualité très précieuse quand on doit se donner un responsable.

3- Le renouvellement. Je ne suis pas de ceux qui pensent que Xavier Bertrand a fait tout mal et que son projet est archi-nul. Mais si j'avais un reproche à faire au maire sortant, et un argument en faveur de Michel Garand, c'est qu'il n'a pas vraiment su ou pas voulu renouveler son équipe, sinon à la marge, en deuxième moitié de liste. En ce qui concerne les possibles adjoints, nous retrouvons à peu près les mêmes. Ce sont d'ailleurs des personnalités estimables, dévouées, qui ont fait leurs preuves. Mon reproche est ailleurs : il n'y a pas de démocratie sans renouvellement de son personnel politique. Même quand on est une équipe talentueuse et gagnante, il y a du côté de la population une aspiration légitime au changement. A un tout autre niveau, le grand Churchill a eu beau gagner la guerre, les électeurs n'ont plus voulu de lui quelques mois après.

Beaucoup d'électeurs de gauche respectent Pierre André et estiment Xavier Bertrand, jusqu'à, pour une part d'entre eux, leur apporter leurs suffrages dans les scrutins locaux (les résultats l'attestent). Mais ces électeurs souhaitent aussi que la gauche, avec ses personnalités, ses compétences, sa sensibilité, exerce un jour, à Saint-Quentin, les responsabilités. Ce jour, ce peut être dimanche prochain. Car si Xavier Bertrand l'emporte, si la droite gagne pour la quatrième fois consécutive l'élection municipale, ce sera grosso modo la même équipe depuis 1995, jusqu'en 2020 : 25 ans, un quart de siècle, toute une génération avec un personnel identique aux affaires ! Il est donc naturel de vouloir changer, de donner leurs chances à d'autres.

D'autant que Saint-Quentin est une ville de gauche, qui a une forte sociologie de gauche, qui vote à gauche lors des échéances nationales : aux dernières élections présidentielles, François Hollande était majoritaire, et aux élections législatives qui ont suivi, la candidate socialiste n'était pas loin de l'emporter. Il faut normaliser cette situation (de même que Michel Garand a normalisé la gauche socialiste, en la réintégrant dans le giron du réformisme). L'impopularité du gouvernement ne gêne aucunement : l'élection municipale est locale, pas nationale, les électeurs le comprennent bien. Et puis, être déçu, exigeant, critique, ça fait partie de la vie, ça n'empêche pas d'être fidèle à sa famille et à ses amitiés politiques. Dimanche, le peuple de gauche et, au-delà, tous ceux qui souhaitent que l'alternance fonctionne à Saint-Quentin, iront voter pour Michel Garand.

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